1 mai 2018

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou] Tchernobyl

SOURCE - Le Seignadou - mai 2018

Comparaison n’est pas raison. En avril 2017, nous avons reçu le document par lequel Mgr Planet accorde aux prêtres de la Fraternité la faculté de célébrer les mariages dans son diocèse. Que fallait-il faire ? si j’en crois certains bons conseilleurs, il aurait fallu lui renvoyer son texte ! Nous ne l’avons pas fait, car cela aurait signifié un rejet de son autorité.

En décembre dernier, j’ai célébré dans une paroisse d’un autre diocèse un mariage avec la délégation reçue de l’évêque et du curé… j’ai préparé moi-même les époux et établi le dossier que j’ai transmis au diocèse… j’ai reçu les consentements des époux et célébré la messe en présence du curé qui a enregistré le mariage dans les registres paroissiaux… Le plus intéressant est que, en 1984, j’avais reçu les consentements des parents de la fiancée dans une autre paroisse, dans les mêmes conditions ! Incorrigible récidiviste, je ne m’en repens pas ! Au contraire, je suis disposé à recommencer !

En effet, lors de ce mariage, à aucun moment, je n’ai été soumis à quelque influence « conciliaire » que ce soit, et il me semble n’en avoir subi nulle contamination, et n’avoir pas soumis les époux à quelque contamination que ce soit ! Je suis le même après comme avant, toujours fidèle aux sages conseils de Mgr Lefebvre qui, entre nous, parlait plus souvent d’Église officielle que d’Église conciliaire. Il n’aimait pas ce terme.

Il est vrai que lorsque survient une explosion nucléaire, nul ne peut être à l’abri, grand ou petit, fort ou faible, sain ou malade… tous sont atteints : pulvérisés ou contaminés ! Mais si nous comparons le concile Vatican II à une semblable explosion, ne devons-nous pas éviter quelque exagération dans l’image utilisée ? Car il n’en va pas dans l’ordre spirituel comme dans l’ordre matériel ou physique ! Grâce à Dieu, la vie de l’esprit ne répond pas aux mêmes critères que la vie du corps. Et il se trouve précisément que lors de l’explosion conciliaire, certains n’ont été ni pulvérisés ni contaminés : la contamination n’a pas été universelle ! Quand elle agit sur les corps, nul ne peut s’en protéger ! Mais quand il s’agit des âmes, son effet n’est pas inévitable, et les âmes bien nées, bien armées des « anticorps » traditionnels, qui s’en nourrissent, en vivent et se protègent avec prudence, n’ont rien à craindre de cette radioactivité conciliaire ! Ainsi certains évêques que nous connaissons bien ont résisté et nous ont même transmis les anticorps qui nous ont préservés et nous préservent encore de céder aux facilités conciliaires.

Sans doute le danger existe, et nous connaissons bien des confrères, des congrégations amies, des fidèles qui se sont laissé séduire, et ont été contaminés. Mais comment cela s’est-il fait ? Lassitude du combat ? découragement ? ambition ? mauvaise compréhension de notre position de fidélité à Rome conforme à la déclaration du 21 novembre 1974 ? Deus scit !

Certes il nous faut être prudents, mais je persiste à dire qu’il ne faut pas avoir peur de cette radioactivité contre laquelle nous nous protégeons grâce à Mgr Lefebvre depuis presque 50 ans sans en avoir été atteint ! Deo Gratias !

Ce qui me rassure, c’est que Monseigneur luimême n’a pas été épargné par de semblables reproches. Je me souviens d’un pamphlet écrit le 1er juillet 1980 intitulé : « RALLIONS-NOUS : L’EXEMPLE VIENT D’EN-HAUT ». L’article était signé (à l’époque, la franchise existait encore !) et le plus simple sera de le lire ou relire :
« En ce lundi 30 juin 1980, le glas sonne à l’église Notre-Dame des Anges de Tourcoing (Nord). Ce sont les obsèques de Mme Monique LEFEBVRE, bellesœur du célèbre prélat Monseigneur LEFEBVRE.
Le clergé sort de la sacristie et s’en va accueillir la défunte. Hormis les enfants de chœur, il y a dans le cortège un prêtre en « tenue de Taizé », c’est-à-dire avec une aube blanche, sans cordon, – mais avec un capuchon. Pour l’occasion, il a passé une étole violette de coupe moderne. Derrière lui, le célébrant – avec une chasuble violette. Décidément, le noir, couleur du deuil ne se fait plus dans l’église postconciliaire : il faut évacuer ce qui rappelle la mort et l’au-delà. Et, oh surprise ! arrive le prélat d’Écône, soutane noire, surplis de dentelle, camail et calotte violets, croix pectorale. Il est encadré de deux hommes à lui, les abbés SIMOULIN et FERRIE en soutane et surplis. [N.B. je venais d’être ordonné au sousdiaconat le 27 juin]. Vraiment curieux, on n’était pas habitué à voir Monseigneur en si progressiste compagnie et de surcroît dans une église réservée au nouveau rite ; les salles des fêtes et les hangars lui étaient plus familiers.

C’est au son du Requiem en latin que le cortège remonte la nef centrale. Le clergé local s’installe aux micros, les trois invités montent dans les stalles sculptées, à deux pas de la table tournée orgueilleusement face au peuple. Le rituel commence. On vous reçoit au nom du Dieu de l’Espérance, un membre de la famille vient lire un texte, on chante un Kyrie, un Alléluia pré- cède l’Évangile. Le prélat, très digne, suit le déroulement d’une cérémonie qui ne doit pas être dans son missel. Il se signe sur le front, les lèvres, la poitrine, preuve de sa participation au culte moderniste.
Le sermon, au cours duquel le prêtre tutoie la défunte, nous apprend beaucoup sur sa vie terrestre. Il n’effleure pas l’éternité ou plutôt, nous assure d’un avenir serein. Purgatoire, Enfer, Paradis, où êtes-vous donc passés ? Après une offrande où environ cinq cents personnes viennent baiser le Christ et déposer une obole pour de futures messes, nous assistons à la cé- lèbre prière universelle. Une jeune fille, apparemment de la famille, vient nous lire quelques intentions dont l’une particulièrement croustillante donnait à peu près ceci « Prions pour l’unité de l’Église dans la diversité des expressions ». Une rengaine ponctuait les intentions. Avec le début de l’Offertoire, le prélat enlève sa calotte et se prépare à assister à la suite des événements. Après un beau Sanctus très latin, commence une consécration très française. Les trois gens des stalles se mettent à genoux à l’approche du sacrifice, les enfants de chœur et le curé « façon Taizé » ne peuvent pas faire moins ; les fidèles restent debout. Les paroles de la consécration arrivent après quelques courtes phrases, le prêtre fait uniquement une légère inclination de la tête, la dame préposée à faire chanter les fidèles vient nous proposer un refrain. Ce n’est qu’avant le Pater que Monseigneur et les deux abbés se relèvent. Ils ont donc assisté d’une fa- çon active et recueillie à une nouvelle messe dite de Paul VI.
Le temps presse, à la communion, une bonne sœur se voit refiler un ciboire afin d’activer la distribution. Tout le monde debout, mais vous avez le choix entre la main ou la langue. Encore quelques paroles, une prière et la première partie s’achève. C’est alors que Monseigneur, assisté de ses deux fidèles abbés, revient chape violette sur le dos, mitre sur la tête. Il fera l’absoute selon le rite catholique. Pour terminer, un petit chant en l’honneur de la Vierge « Le Seigneur fit pour moi des merveilles » et le « in paradisum » pour prouver qu’on aime les traditions et le latin.
Monseigneur devait-il assister à une messe de Luther, fût-ce pour les obsèques de sa bellesœur, devait-il y participer activement ? 
Que doivent penser les jeunes prêtres ordonnés pour le maintien de la sainte Messe, de voir le patron filer dans la boutique d’en face ? Pour un prélat, pour une personne dont les responsabilités morales sont énormes, pour un exemple à des milliers de catholiques, peut-il y avoir des cas particuliers ? 
Et demain le simple fidèle pourra aller aussi bien à la synaxe qu’au Saint-Sacrifice puisque… l’exemple vient d’en-haut. »
Quant à nous, nous sommes ressortis de la cérémonie tels que nous étions en y entrant, et Monseigneur ne me semble pas en avoir été contaminé ! Je dirais même que ce genre de cérémonie ne peut que vous immuniser encore davantage contre toute contamination conciliaire ! Dans la voiture qui nous ramenait, Monseigneur plaisantait sa sœur Jeanne, religieuse adoratrice, en lui demandant : alors, Jeanne, quand est-ce que tu te convertis ? (tout en nous adressant un clin d’œil malicieux !)

Je n’en dirai pas plus, et ce sera là mon ultime conclusion ! Que le Cœur Immaculé de notre si Bonne Mère nous garde tous bien unis et fidèles à l’esprit de notre fondateur.
« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.
Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néomoderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. »