30 septembre 2016

[DICI] La 5e Rencontre interreligieuse d’Assise

SOURCE - DICI - 30 septembre 2016
Le 20 septembre 2016, la Journée mondiale de la prière pour la paix clôturait la Rencontre interreligieuse pour la paix organisée par la communauté Sant’Egidio, à Assise, sur le thème : Soif de paix. Religions et cultures en dialogue – 30 ans après la première rencontre interreligieuse voulue par Jean-Paul II, à Assise, le 27 octobre 1986.

Le pape François s’y est rendu en hélicoptère et a atterri vers 11h00 sur le terrain de sport Migaghelli à Sainte-Marie-des-Anges. Il a été accueilli par Mgr Domenico Sorrentino, archevêque d’Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino, Catiuscia Marini, présidente de la région de l’Ombrie, Raffaele Cannizzaro, préfet de Pérouse, et Stefania Proietti, maire d’Assise.
500 participants à la « Journée mondiale de la prière pour la paix »
Le pape a rejoint le Sacré Couvent de Saint-François d’Assise, où il a été accueilli par le père Mauro Gambetti, Custode du Sacré Couvent, Bartholomée Ier, primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople,Abbas Shuman, vice-président de l’Université sunnite d’Al-Azhar (Caire), Riccardo Di Segni, grand rabbin de Rome, Justin Welby, archevêque anglican de Cantorbéry et primat de l’Eglise d’Angleterre, Ignace Ephrem II, patriarche syriaque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, et par le chef suprême du bouddhisme Tendai (Japon). Ils se sont rendus tous ensemble au cloître Sixte IV, où les attendaient les représentants des Eglises et religions mondiales. Durant plus d’une heure, le pape a salué chacun des 500 participants, représentants religieux mais aussi du monde politique et de la culture. Des évêques français participaient à ces journées : le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille.

Le pape a ensuite gagné le réfectoire du Couvent pour un déjeuner avec les représentants religieux et une douzaine de réfugiés, venus de Syrie, d’Erythrée, du Nigeria et du Mali.
La prière œcuménique pour la paix
A 16h00, eurent lieu les méditations de la prière œcuménique pour la paix, à la basilique inférieure d’Assise, par le pape François, le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier, et l’archevêque anglican de Cantorbéry, Justin Welby, en présence de différents cardinaux et du prieur de Taizé, le frère Alois.

Les méditations ont été suivies d’une prière d’intercession pour chacun des 28 pays en proie à des conflits, tandis qu’un cierge était allumé pendant que l’assemblée reprenait Kyrie Eleison : Syrie, Afghanistan, Birmanie, Burundi, Colombie, Amérique centrale, République démocratique du Congo, Corée du sud et du nord, Ethiopie et Erythrée, Irak, Cachemire, Libye, Mali, Mexique, la région du Mindanao (Philippines), Mozambique, Haut-Karabagh, Nigeria, Pakistan, Casamance (Sénégal), Somalie, Soudan du Sud, Ukraine, Venezuela, Yémen, Terre Sainte, et « toutes les autres terres polluées par le virus de la haine ».

La célébration s’est achevée par l’échange d’un signe de la paix du Christ, la prière du Notre Père et la bénédiction finale des responsables chrétiens présents et celle du pape François.

Au même moment, les représentants des autres religions se retrouvaient en différents lieux de la ville de saint François pour prier chacun selon sa tradition religieuse et implorer le don de la paix. Une salle regroupait plusieurs adorateurs d’Allah qui firent leurs prières tournés vers la Mecque ; 27 délégations musulmanes avaient fait le déplacement. Dans les jardins se réunirent les cultes païens, tandis que, sous un cloître, les rabbins discutaient ou entonnaient des chants. Au total, Assise a rassemblé 9 religions différentes et 26 « expressions religieuses et philosophiques ».
L’Appel à la paix
A 17h00, les 450 représentants religieux des neuf confessions différentes se sont retrouvés sur le parvis de la basilique franciscaine pour les allocutions finales et la signature solennelle de l’Appel à la paix.

Devant le parterre de dignitaires religieux et représentants du monde de la culture, Mgr Domenico Sorrentino a salué « l’esprit prophétique d’Assise » qui montre qu’« il est possible que l’humanité croyante se sente une seule famille ». Le Custode du Sacré Couvent d’Assise a encouragé à être prêt à « mourir pour la paix ».Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, a assuré que la guerre était « folie de gens avides de pouvoir et d’argent » mais qu’elle pouvait être vaincue par l’humilité et la prière. Tamar, réfugiée syrienne de confession arménienne a témoigné des souffrances endurées par un pays où il n’y avait auparavant « pas de différences entre chrétiens et musulmans ». Le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier a déclaré que « la paix nécessite aussi la justice », en plaidant pour une nouvelle économie attentive aux plus pauvres et à la planète. Il a souhaité que chaque famille religieuse fasse « une autocritique » pour se purifier en vue de la paix. Le rabbin David Brodman, déporté enfant dans les camps de concentration, a rendu hommage au pape François son « cher ami, le Saint-Père », saluant son « humilité », la plus grande vertu et signe de sainteté, ajouta-t-il. Et de résumer l’esprit de cette journée : « Tous différents, mais tous ensemble ». Le président du Conseil des oulémas d’Indonésie a dénoncé pour sa part la violence et le terrorisme, et affirmé : « l’Islam est une religion de paix » (sic).

Après l’intervention en japonais du chef du bouddhisme Tendai, le pape François a pris la parole en assurant que « jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence ». « Seule la paix est sainte, pas la guerre ! », a-t-il martelé. « Nous n’avons pas d’armes, a poursuivi le souverain pontife. Mais nous croyons dans la douce et humble force de la prière ». « Il n’y a aucun avenir dans la guerre, et la violence des armes détruit la joie de la vie ».

Appelant à « faire face à la grande maladie de notre époque : le paganisme de l’indifférence », François a mis en garde contre diverses attitudes : l’attitude de « celui qui sait seulement protester et se fâcher » ou de « celui qui se lave les mains des problèmes » des autres, ou encore de « celui qui juge tout sur le clavier d’un ordinateur ».

Le pape a encouragé les dirigeants des Nations à ne pas se lasser de « promouvoir des chemins de paix au-delà des intérêts de parti et du moment ». « Notre avenir est de vivre ensemble » en déposant les « lourds fardeaux de la méfiance, des fondamentalismes, de la haine », a-t-il ajouté. Et de donner l’exemple des participants d’Assise : « Nos traditions religieuses sont diverses. Mais la différence n’est pas pour nous un motif de conflit ».

L’assemblée du 20 septembre 2016 s’est achevée par un solennel Appel à la paix. Les représentants religieux du monde entier ont affirmé « le lien indissoluble entre le grand bien de la paix et un authentique engagement religieux ». Tous ont proclamé : « Non à la guerre ! », appelant de leurs vœux l’avènement « d’un temps nouveau, où le monde globalisé devienne une famille de peuples ». Le nom de Dieu ne saurait être invoqué « pour justifier le terrorisme, la violence et la guerre », car « la guerre au nom de la religion devient une guerre à la religion elle-même », parce que « la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit religieux ». La solution aux conflits et la condition pour « construire une véritable paix » passe par la rencontre et le dialogue où « tous nous pouvons être des artisans de paix ».

Après le discours du pape François, les participants ont observé une minute de silence pour les victimes des guerres et de la violence. Puis a eu lieu la proclamation solennelle de l’Appel à la paix qui explique l’esprit d’Assise : « Voilà l’esprit qui nous anime : réaliser la rencontre dans le dialogue, s’opposer à toute forme de violence et d’abus de la religion pour justifier la guerre et le terrorisme ». « La paix est le nom de Dieu », déclarent les signataires de toutes religions, en affirmant « que la violence et le terrorisme s’opposent au véritable esprit religieux ». Ils implorent les gouvernants « afin que soient désamorcés les mobiles des guerres ».

Des enfants de différentes nationalités sont alors venus recevoir des mains des représentants religieux un rouleau contenant l’Appel à la paix, pour le brandir devant la foule qui applaudissait au son d’une musique moderne.

En un geste symbolique, les représentants religieux et culturels ont allumé, un par un, une bougie sur un large candélabre avant de signer l’Appel d’Assise 2016. Les participants ont aussi prié pour les victimes des récents attentats en France et pour tous les réfugiés du monde.

Au terme de la rencontre, tous les participants ont échangé un geste de paix, s’embrassant ou se serrant les mains dans une joyeuse mêlée, tandis que les hauts parleurs faisaient retentir l’Alleluia de Haendel. Vers 18h30, le pape François a rejoint sa voiture pour rentrer au Vatican en hélicoptère.

(Sources : Apic/IMedia/radiovatican/zenit – DICI n°341 du 30/09/16)