12 septembre 2013

[F. Louis-Marie, osb, abbé - Les Amis du Monastère (du Barroux)] Quinimmo

« Quinimmo beati, qui audiunt verbum
Dei, et custodiunt illud »
Bien plus heureux encore ceux qui écoutent la
Parole de Dieu 
et qui la gardent
(évangile de la messe du samedi de la Sainte Vierge)
SOURCE - F. Louis-Marie, osb, abbé - Les Amis du Monastère - 12 septembre 2013

Dans l’évangile de la messe du samedi de la Sainte Vierge, Jésus prononce un mot assez rare, quinimmo. Une femme félicite la mère qui l’a engendré et Jésus lui répond : « Quinimmo…», traduit en français par “bien plus encore”; c’est donc une invitation à une plus grande béatitude pour progresser de plus en plus dans le Seigneur.

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement?

Cela signifie-t-il : “en faire un peu plus”? En ce sens, saint Vincent de Paul, dans le film « Monsieur Vincent», répondait à la reine Anne d’Autriche, qui lui conseillait de se ménager, vu son grand âge: «On est vieux quand on le veut» et qu’il n’avait absolument rien fait. Alors la reine lui demande: « Que faut-il faire? » et il répond : « Davantage. » Il voyait la grande misère matérielle et morale de la France. Il est bon pour nous aussi de penser à la grande pitié qui est en France, et de vouloir faire davantage pour le salut des âmes, de faire comme cette femme qui a entendu Jésus parler et qui aurait voulu l’enfanter, enfanter toutes les âmes dans le Christ. Mais justement, Jésus répond à cette femme: « Quinimmo… ».

Le Seigneur nous demanderait-il un progrès intérieur? Le livre du Lévitique semble aller dans ce sens. On y trouve les divers sacrifices qu’il fallait faire à Dieu : sacrifices d’holocauste, d’action de grâce, de communion, d’expiation… Toutefois, la Loi ne demande pas à tous de donner le plus grand, mais en fonction des capacités de chacun. Dieu n’exige pas toujours plus. Certains offriront un taureau, d’autres un bouc, d’autres une chèvre ou une agnelle, et le pauvre offrira deux tourterelles ou deux pigeons, sinon de la “graisse de froment”. Mais dans tous les cas, il est demandé de verser le sang et de prendre la graisse pour la mettre sur l’autel, pour l’offrir au Seigneur. Parce que le sang et la graisse étaient réputés être le siège de l’âme. Ce que Dieu veut, c’est donc l’âme. Le Lévitique ajoute qu’il faudra mettre l’offrande sur l’autel où brûle déjà l’holocauste perpétuel, l’agneau offert le matin et le soir, qui était l’image de Jésus-Christ offert en sacrifice au Père. C’est un appel à imiter notre Seigneur Jésus-Christ, à le suivre dans la perfection de sa vie intérieure, pure de tout égoïsme. 

Ce que Jésus a fait était toujours pour la gloire du Père et le salut des âmes. Mais je crois que nous nous trouverions encore du côté de cette femme qui rêvait de s’approprier cet Homme-Dieu. Et Jésus dit à cette femme: « Bien plus encore!» Alors, qu’est-ce que c’est?

Il s’agit d’une priorité.

Quand on demande à un chrétien ce que signifie participer à la Croix, on entend toujours la même réponse: «porter la Croix avec Jésus, offrir ses souffrances à Dieu…». Et là encore, on est du côté de la femme: porter, allaiter. Jean-Paul II a apporté une magnifique réponse à cette question dans son commentaire du chemin de croix du jubilé de l’an 2000. Participer, dit-il, vient du latin participare, prendre part. Participer à la croix consiste d’abord à recevoir de Dieu quelque chose, “à faire l’expérience dans la lumière du Saint-Esprit de tout l’amour que la Croix cache en elle”. Nous sommes des mendiants de Dieu : c’est ça, le “bien plus”. Le «bien plus» consiste à écouter la parole de Dieu et à la garder. Il y a là une porte ouverte sur l’infini, parce qu’écouter c’est être docile aux inspirations du Saint-Esprit qui nous fait agir selon un mode divin, et c’est alors que nous pouvons progresser en degré et, pourquoi pas, en rajouter en quantité.

+ F . Louis-Marie, o.s.b.,
abbé