13 octobre 2013

[Angélique Goyet - Le Courrier Picard] À Noyon, la messe en latin revient par la grande porte

SOURCE - Angélique Goyet - Le Courrier Picard - 13 octobre 2013

Depuis trois semaines, une cinquantaine de fidèles prient en latin dans une chapelle de la cathédrale. Une volonté de l’évêché de se réapproprier ce rite spécifique.

Faire une messe en latin, ça n’a rien à voir avec les Lefebvristes! » L’abbé Philippe Montier, archiprêtre de Noyon, balaie d’un revers de la main le cliché qu’on pourrait lui lancer. Celui - facile - que l’office en latin est un exercice estampillé intégriste. Justement, avec l’appui de l’évêché, le prêtre noyonnais souhaite qu’un maximum de fidèles puissent se réapproprier l’office extraordinaire. «Nous voulons construire une dimension paroissiale autour de cette messe en latin, commente-t-il. Avec l’évêque, nous voulons que ça se passe le mieux possible d’un point de vue technique et dogmatique. »
Le prêtre est dos aux fidèles 
Dans le Noyonnais, l’office extraordinaire était déjà pratiqué dans l’église de Salency, à cinq kilomètres de la cathédrale noyonnaise. « Cela faisait un peu plus de vingt ans que la communauté Saint-Médard pratiquait cet office, rappelle Bertrand Tribout, responsable de cette communauté. Nous étions d’abord à Varesnes en 1988, puis Villeselve, Lassigny et enfin Salency depuis 2005. »

En septembre 2012, le prêtre qui assurait les messes en latin est affecté à Compiègne. Les membres de la communauté Saint-Médard se rendent alors aux messes en latin, dans la cité impériale.

Au même moment, un dialogue s’ouvre entre l’évêque et les fidèles de Salency : oui, il y aura bien un remplaçant. Mais à Noyon. La nouvelle tombe l’été dernier : le père Michel Mallet viendra tous les dimanches, à 18 heures à la cathédrale. «On regrette que ce ne soit pas à Salency, commente Bertrand Tribout. L’évêché favorise l’urbain au détriment du rural. Nous étions très attachés à l’église de Salency. Là, on se soumet à la volonté de l’évêque. » Le responsable de la communauté de Saint-Médard pointe aussi du doigt l’horaire choisi. «Ce n’est pas facile pour les jeunes qui venaient. Ils sont pour la plupart en études à Lille,àAmiens ouàParis, et ils repartent le dimanche après-midi.»

De son côté, l’archiprêtre noyonnais assume le choix de la cathédrale. «Nous ne voulions pas continuer à Salency, dans une petite chapelle où l’on fait ce que l’on veut, expose le Père Montier. Cela reste sous mon autorité. Les messes en latin ont commencé ilyatrois semaines, tout le monde prend ses marques, chacun s’observe. Mais on est heureux de l’avoiràNoyon.» 

Bertrand Tribout concède : « Nous sommes contents d’avoir retrouvé cette messe. Ça a été dur d’attendre une année. » Mais trouver un prêtre qualifié pour le job n’est pas chose aisée ! « On a bien sûr des cours de latin, au séminaire, précise l’abbé Philippe Montier.

Mais les formes ordinaire et extraordinaire sont tout de même différentes. » Pour la pratique, la cinquantaine d’adeptes de l’office extraordinaire se réunit dans la chapelle du Saint-Sacrement, dans la cathédrale. Un lieu intime pour une messe plus silencieuse qu’à l’accoutumée.

« Le prêtre est dos aux fidèles, détaille Philippe Montier, ce qui peut être un peu déroutant pour ceux qui n’ont pas l’habitude. » Et pour prier en latin, quand on ne le connaît pas ? « Chacun des fidèles a un missel français latin, indique Bertrand Tribout. Mais pour ceux qui ne l’ont pas, il y a des petits livrets à l’entrée de la cathédrale avec les prières latines. En deux mois, on se familiarise.» 

ANGÉLIQUE GOYET