22 juillet 2013

[Abbé Patrick de la Rocque, fsspx - vatican2-en-questions.org] Les trois questions soulevées par le Subsistit in

SOURCE - Abbé Patrick de la Rocque, fsspx - vatican2-en-questions.org - 22 juillet 2013

L’un des grands débats conciliaires relatifs à l’ecclésiologie est la fameuse phrase de la constitution Lumen Gentium n°8 : L’Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise catholique, venue remplacée les termes jusque-là utilisés par l’Eglise pour exprimer sa doctrine : L’Eglise du Christ est l’Eglise catholique. De triple façon, cette nouvelle expression ouvre la porte à la nouvelle théologie clairement condamnée par le magistère antécédent 1° Malgré les dénégations de ses défenseurs, une telle formule tend dangereusement vers la notion souvent condamnée d’une Eglise purement spirituelle. 2° Une telle formule a en outre souvent été lue, par ses interprètes les plus autorisés, dans une conception nettement personnaliste, tendant à accorder à l’Eglise une subjectivité capable d’évoluer à travers le temps. 3° Enfin, la portée œcuménique d’une telle formule est aisément perceptible : elle laisse entr’ouverte la possibilité d’un certain mode d’existence de l’Eglise du Christ hors de l’Eglise catholique, c’est-à-dire dans les autres confessions chrétiennes.
Loin de reprendre l’expression traditionnelle par laquelle le Magistère antérieur identifiait strictement l’Eglise du Christ sur cette terre et l’Eglise catholique, le concile Vatican II a affirmé que l’Eglise du Christ subsiste dans (subsistit in) l’Eglise catholique. Cette nouvelle expression, notoirement voulue pour justifier l’œcuménisme[1], revêt en fait trois enjeux majeurs qui ne sont pas sans soulever de graves difficultés au regard de l’enseignement traditionnel de l’Eglise.
1)En premier lieu – et c’est son sens fondamental – l’expression subsistit in laisse apparaître une distinction réelle ici-bas entre “Eglise du Christ” et “Eglise catholique”. Or cette distinction était jusque-là refusée par le Magistère antécédent qui, à travers deux expressions différentes, ne voyait désignée qu’une seule et même réalité.
2)L’adoption de cette expression a entraîné un important changement dans la manière de considérer l’Eglise catholique elle-même. Jusque-là définie comme une société par le Magistère, la voici désormais en possession d’une subjectivité au sens propre du terme : à l’instar de la personne humaine, elle serait donc capable d’évoluer à travers le temps.
3)Enfin et bien sûr, le subsistit in a profondément modifié le rapport que l’Eglise catholique entretient avec les autres confessions chrétiennes, autrement dit son attitude œcuménique. L’expression laisse en effet entendre que ces autres confessions chrétiennes, loin d’être totalement étrangères à l’Eglise du Christ, collaborent à l’édification de celle-ci. Or une telle conception est non seulement étrangère au Magistère antérieur à Vatican II, mais encore condamnée par lui.
1. Il n’y a pas ici-bas de distinction réelle entre “Eglise du Christ” et “Eglise catholique”
1.1. La thèse du subsistit in suppose logiquement et affirme implicitement que l’Eglise du Christ se distingue réellement ici-bas de l’Eglise catholique, ce qui se montre de trois manières :
-D’un point de vue nominal, affirmer qu’une chose subsiste dans une autre suppose la distinction réelle de ces deux choses. Par exemple, lorsque le Concile affirme que en toutes les nations de la terre subsiste l’unique Peuple de Dieu (LG 13§2), il présuppose une distinction réelle entre les nations de la terre et le Peuple de Dieu ; de même lorsqu’il affirme que toutes choses subsistent dans le Christ (LG 7§4). L’affirmation de LG 8 distingue donc bien réellement sur cette terre l’Eglise du Christ de l’Eglise catholique lorsqu’elle dit que l’Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise catholique[2].
-Est accordée à l’Eglise du Christ ici-bas une extension plus large qu’à l’Eglise catholique. Le texte conciliaire affirme par exemple que de nombreux éléments de sanctification et de vérité […] appartenant en propre à l’Eglise du Christ se trouvent hors de l’Eglise catholique (LG8[3]). Il soutient également que les chrétiens non catholiques sont membres de l’Eglise du Christ (UR3, LG 15) et que les catholiques doivent donc les considérer comme frères dans le Seigneur. C’est donc que, selon le Concile, l’Eglise du Christ se distingue réellement de l’Eglise catholique sur cette terre.
-Il est affirmé de l’Eglise catholique qu’elle est comme le sacrement de l’Eglise du Christ. Or il est de la définition même du signe de renvoyer à un autre que lui-même. Le Concile pose donc bien une distinction réelle entre l’Eglise du Christ ici-bas et l’Eglise catholique[4].
1.2. La thèse implicitement contenue par le texte conciliaire s’oppose au Magistère antérieur du fait que ce dernier a toujours refusé de distinguer réellement l’Eglise du Christ ici-bas et l’Eglise catholique. Lorsque Pie XII, en Mystici corporis, affirme que sur cette terre l’Eglise catholique romaine est l’Eglise du Christ, il entend affirmer, à la suite du Magistère de toujours, une stricte identité. Cette même encyclique dénonce en effet ceux qui opèrent une distinction réelle entre deux “Eglises” : Nous déplorons et Nous condamnons l’erreur funeste de ceux qui rêvent d’une prétendue Eglise, sorte de société formée et entretenue par la charité, à laquelle, – non sans mépris – ils en opposent une autre qu’ils appellent juridique. L’opposition dénoncée Pie XII est bien celle qui relève de l’ordre logique, puisqu’il ajoute aussitôt : C’est tout à fait en vain qu’ils introduisent cette distinction.[5]
1.3. Les raisons obligeant à affirmer l’identité existant ici-bas entre l’Eglise du Christ et l’Eglise catholique se manifestent aisément. Il est en effet impossible de distinguer réellement sur cette terre une « Eglise communauté visible organisée hiérarchiquement » d’une « Eglise communauté spirituelle », sans se rapprocher dangereusement, quant à cette dernière, de la notion protestante d’uneEglise invisible pour nous, visible aux seuls yeux de Dieu[6]. Et de fait, c’est bien à cette Eglise purement spirituelle que risque de se réduire l’Eglise du Christ prise en tant que telle, c’est-à-dire antécédemment à son mode d’être visible dans l’Eglise catholique. Elle est alors comparée à une Communion des Saints où les chrétiens des différentes confessions sont unis dans une appartenance commune au Christ[7],frères dans le Christ[8], car tous vivifiés de sa grâce[9]. Cette conception de l’unité surnaturelle de tous les chrétien quoiqu’il en soit de leur non appartenance à l’Eglise catholique ne tombe-t-elle pas sous la condamnation de Pie XII lorsqu’il affirmait que c’est s’éloigner de la vérité divine que d’imaginer une Eglise qu’on ne pourrait ni voir ni toucher, qui ne serait que “spirituelle” (pneumaticum), dans laquelle les nombreuses communautés chrétiennes, bien que divisées entre elles par la foi, seraient pourtant réunies par un lien invisible[10].
2) On ne peut attribuer à l’Eglise catholique une subjectivité au sens strict du terme
2.1. L’interprétation officielle du subsistit in affirme explicitement que le verbe subsistere est à prendre au sens propre du terme : ce verbe indique non seulement que l’Eglise a les promesses d’indéfectibilité[11], mais encore que l’Eglise catholique est douée d’une véritable subsistence, et donc d’une subjectivité au sens propre du terme ; autrement dit d’une personnalité métaphysique.
-La CDF affirma en 1985 que le concile avait choisi le mot “subsistit” précisément pour mettre en lumière qu’il existe une seule subsistence de la véritable Eglise[12]. L’affirmation est à la base de la justification que Benoît XVI donne de son « herméneutique de la réforme », celle du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise, que le Seigneur nous a donné ; c’est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, tout en restant toujours le même, l’unique sujet du Peuple de Dieu en marche.[13]
-Le cardinal Ratzinger, commentateur autorisé de ces textes, explique la valeur métaphysique du mot. « Subsister » est à prendre ici avec sa valeur aristotélicienne, en tant qu’il distingue l’essesubsistant des différents modes de l’inesse, la substance des accidents : Le concept exprimé par “est” (être) est plus ample que celui exprimé par “subsister”. “Subsister” est une façon bien précise d’être, c’est-à-dire être comme sujet qui existe en soi. Les Pères conciliaires entendaient donc dire que l’être de l’Eglise, en tant que telle, est une entité plus vaste que l’Eglise catholique romaine, mais dans cette dernière elle acquiert de manière inégalable, le caractère de véritable sujet[14]. Cette explication, habituelle au cardinal[15], est reprise par des théologiens autorisés[16].
2.2. Or une telle affirmation n’est pas dans la ligne de la Tradition catholique, et semble incompatible avec le donné révélé. En effet l’Ecriture, loin de reconnaître à l’Eglise une subsistence propre, ne lui accorde d’être que in Christo, dans le Christ selon le terme cher à saint Paul (cf. Eph 1,3-7 ; 3,6 ; Gal 3,27-28 ; Col 2,6-13 ; Ro 6,4-5 etc.), tout comme le sarment n’a d’être que dans la vigne (Jn 15,4-6). Autrement dit, l’être de l’Eglise ne relève pas du prédicament « substance », mais de celui de « relation ». Aussi Pie XII, à la suite de la grande Tradition[17], loin d’accorder à l’Eglise une personnalité au sens métaphysique, n’utilise ce terme que de façon métaphorique, et précisément pour affirmer que l’Eglise catholique n’a pas de subsistence propre mais seulement dans le Christ. Elle n’a d’être que dans le Christ, et ce n’est que dans son union au Christ qu’elle peut être métaphoriquement comparée à une personne humaine : La doctrine très ancienne et constante des Pères nous enseigne que le divin Rédempteur avec son Corps social constitue une seule personne mystique ou, comme le dit saint Augustin, le Christ total[18].
2.3. Les implications de la thèse conciliaire sont nombreuses, et se doivent d’être reconsidérées à la lumière de l’enseignement traditionnel.
-On ne peut baser l’acceptation du concile Vatican II sur une « herméneutique de la continuité », vue comme la permanence du seul « sujet » Eglise qui aurait modifié non sa subjectivité mais seulement ses rapports interpersonnels avec la science, l’Etat et les religions[19]. Une telle explication, personnaliste, non seulement oublie que lesdits rapports sont gérés par des principes doctrinaux, mais revient encore à admettre en une matière connexe au dogme (la liberté religieuse par exemple) la contradiction objective[20] de deux enseignements, pourvu que soit affirmée la continuité subjective de l’unique sujet-Eglise. Or prendre ainsi pour principe de stabilité le critère subjectif (le sujet-Eglise demeurant le même) et non plus objectif (l’objet de la foi, identique à travers les temps) risque fort d’ouvrir grand la porte au révisionnisme dans l’Eglise, fût-il dogmatique.
-La subjectivisation personnaliste de l’Eglise a entrainé une inflexion importante dans la manière de concevoir de Magistère : celui-ci en vient à être considéré comme une formulation de la conscience que l’Eglise a d’elle-même. Cette conception fut très présente chez le pape signataire de tous les textes conciliaires, Paul VI[21]. A sa suite, Jean-Paul II considéra Vatican II comme un acte d’auto-conscience de l’Eglise[22] qui eut comme tâche principale de réveiller la conscience que l’Eglise a d’elle-même[23]. Or une telle conception du Magistère n’est pas sans se rapprocher grandement de celle condamnée par le pape Saint Pie X dans son encyclique Pascendi dominici gregis[24]. Il s’avère donc que, concernant les textes du concile Vatican II, le degré d’adhésion requis doit être établi non seulement en usant des distinctions habituelles quant au différents degrés du Magistère, mais d’abord en prenant en considération cette différence de nature.
3) Les implications œcuméniques du subsistit in sont-elles justifiées ?
in repose sur deux affirmations, que nous qualifions de présupposés vu que le texte conciliaire les avance sans apporter aucune justification :
-L’Eglise du Christ compte pour membres les chrétiens baptisés hors de l’Eglise catholique.
-Il y a des éléments de sanctification et de vérité hors de l’Eglise catholique.
De ces deux présupposés, deux conséquences sont tirées :
-L’Esprit Saint se sert des communautés séparées comme d’autant de moyens de salut.
-Certaines de ces communautés séparées sont à considérer comme de véritables Eglises particulières.
3.2. Quant au premier présupposé, deux réalités interdisent d’affirmer simpliciter que les chrétiens baptisés hors de l’Eglise catholique sont membres de l’Eglise du Christ :
-Cette thèse prétend s’appuyer sur le fait que lesdits chrétiens ne peuvent être accusés de péché de division (UR 3). Or une telle assertion est pour le moins téméraire : restant extérieurement dans la dissidence, rien n’indique qu’ils n’adhèrent pas à la division opérée par leurs prédécesseurs, l’apparence portant plutôt à supposer le contraire. Présumer la bonne foi n’est pas ici possible[25], ainsi que le rappelle Pie IX : Il faut admettre de foi que, hors de l’Eglise apostolique romaine, personne ne peut être sauvé. […] Cependant, il faut aussi reconnaître d’autre part, avec certitude, que ceux qui sont à l’égard de la vraie religion dans une ignorance invincible n’en portent point la faute devant le Seigneur. Maintenant, à la vérité, qui ira dans sa présomption, jusqu’à marquer les frontières de cette ignorance ?[26]

-Il faut encore noter que ces chrétiens non catholiques qui seraient dans l’ignorance invincible, tout comme les non baptisés qui auraient le désir implicite du baptême, ne sont nullement constitués ici-bas en « Eglise ». Rien ne les réunit entre eux ici-bas, sinon de manière inconsciente. Aussi est-il beaucoup plus juste de dire que ces individus, sans être encore membres du Corps mystique, lui sont néanmoins déjà ordonnés et donc d’une certaine manière unis[27]. On peut ajouter avec saint Augustin que la grâce de l’Esprit Saint qui habite ces âmes saura les mener jusqu’au sein de l’Eglise catholique[28].
3.3. Quant au deuxième présupposé, est équivoque l’affirmation selon laquelle de nombreux éléments de sanctification et de vérité se trouvent hors de l’Eglise catholique.
-Appliquée aux sacrements, une telle assertion ne distingue plus, comme le faisait le Magistère antérieur, l’administration valide des sacrements de leur administration licite. Or, si en certains cas des sacrements peuvent être administrés validement hors de l’Eglise catholique, ils ne le sont jamais de façon licite[29] et sont donc infructueux en eux-mêmes[30]. On ne peut donc dire de ces communautés qu’elles sont en possession formelle des éléments de sanctification ; elles n’en ont qu’une possession matérielle, et on doit affirmer avec Pie XII que ces communautés séparées sont comme le sarment coupé du cep, et ne peuvent pas produire des fruits de salut[31].
-Si ces sacrements peuvent parfois être fructueux hors de l’Eglise catholique, ce n’est qu’accidentellement, en raison de l’ignorance invincible des sujets qui les reçoivent, laquelle les unit de la sorte à l’Eglise catholique de par leur désir implicite. C’est ainsi que l’enfant baptisé hors de l’Eglise catholique lui est uni tant qu’il n’a pas atteint l’âge des choix personnels[32]. Or en tant qu’elles sont séparées, ces communautés s’opposent à ce désir implicite qui seul rend les sacrements fructueux. On ne peut donc dire de ces communautés qu’elles possèdent des éléments de sanctification, sinon matériellement. La même chose peut être dite des sacramentaux, notamment de la lecture de l’Ecriture Sainte. Celle-ci n’est lumière pour la foi qu’en tant qu’elle est lue par l’Eglise catholique[33].

3.4. La thèse selon laquelle l’Esprit Saint se servirait des communautés séparées comme d’autant de moyens de salut est présentée comme conséquence des prémisses ci-dessus analysées[34]. Sous prétexte que des moyens de salut sont présents dans les communautés séparées[35], on suppose que ces moyens de salut appartiennent à ces communautés séparées – comme si cette possession était juste et non illégitime[36] – et plus encore que ces communautés séparées deviennent par le fait même moyens de salut. On demeure atterré par la pauvreté logique du raisonnement ainsi utilisé. Dire qu’une pièce d’or est tombée dans la boue permet-il de dire que cette pièce d’or appartient à la boue ? Ou, plus encore, que de ce fait la boue est devenue or ? Tel est pourtant le raisonnement conciliaire. Avec le Magistère antérieur au Concile, il importe donc de rappeler que ces communions séparées sont comme le sarment coupé du cep, et ne peuvent produire [par elles-mêmes] des fruits de salut[37]. Il n’y a en effet qu’un moyen de salut, à savoir l’Eglise catholique, même si celle-ci, de par l’immense bonté de Dieu, répand ses effets au delà de ses limites en certaines conditions ; c’est elle qui administre les sacrements même à travers des ministres indignes et ayant quitté son sein. C’est encore elle qui, à certaines conditions, répand ses bienfaits quand bien même ces sacrements ne seraient que désirés : Le Sauveur n’a pas seulement ordonné que tous les peuples entrent dans l’Eglise, il a décidé aussi que l’Eglise serait le moyen de salut, sans lequel nul ne peut entrer dans le royaume de la gloire céleste. Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que, puisqu’il s’agissait des moyens de salut ordonnés à la fin ultime de l’homme non par nécessité intrinsèque mais seulement par institution divine, leurs effets salutaires puissent également être obtenus dans certaines circonstances, lorsque ces moyens sont seulement objets de “désir” ou de “souhait”[38].
3.5. Les tenants du subsistit in affirment enfin que certaines communautés séparées sont à considérer comme de véritables Eglises particulières. Il est alors dit d’elles que l’Eglise du Christ y est présente et agissante[39], au même titre que dans un diocèse. Selon cette thèse effet, seuls sont nécessaires à la constitution d’une Eglise particulière la conservation de la succession apostolique (considérée seulement matériellement) et donc de l’Eucharistie valide[40]. On demeure abasourdi par l’omission totale de la nécessaire unité dans la profession de foi. Quant à la reconnaissance de la primauté de Pierre, si elle est considérée comme un élément constitutif interne[41], elle ne semble plus être un élément essentiel : il en effet dit de ces communautés qu’elles ont une véritable ecclésialité, quoique blessée. Prise en tant que telle, cette formule réduit la papauté à une sorte d’accident entitatif de l’ecclésialité, ce qui n’est pas admissible. Le regard catholique sur ces communautés séparées est bien au contraire celui décrit, entre autres, par Pie IX : Quiconque veut examiner avec soin et méditer la condition où se trouvent les diverses sociétés religieuses divisées entre elles et séparées de l’Église catholique qui, depuis Notre Seigneur Jésus-Christ et ses Apôtres, a toujours exercé par ses pasteurs légitimes et exerce encore maintenant le pouvoir divin qui lui a été donné par le même Notre Seigneur, celui-là devra se convaincre facilement que ni aucune de ces sociétés, ni toutes ensemble ne constituent en aucune façon et ne sont cette Église une et catholique que Notre Seigneur a fondée et bâtie, et qu’il a voulu créer. Et l’on ne peut dire non plus en aucune façon que ces sociétés soient ni un membre ni une partie de cette même Église, puisqu’elles sont visiblement séparées de l’unité catholique.[42]
Abbé P. de LA ROCQUE

[1] - Cf. Cal Ratzinger, conférence lors du congrès du 25 au 27 février 2000 sur l’ecclésiologie de la constitution conciliaire Lumen gentium, DC n° 2223 du 02/04/2000, p. 310 : Dans la différence entresubsistit et est se cache tout le problème œcuménique.
[2] – Une telle affirmation n’a pas pour but, dans la bouche de ceux qui la profèrent, de poser le principe d’une pluralité ecclésiale, bien au contraire : Le fait que l’Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise catholique, comme cela est affirmé par la constitution Lumen gentium au n° 8, équivaut à la continuation historique incessante et à la permanence dans l’Eglise catholique de tous les éléments institués par le Christ, Eglise catholique dans laquelle se trouve ici-bas l’Eglise du Christ de manière concrète (Réponse de la Sacrée congrégation pour la doctrine de la foi du 11 juillet 2007 dans DC n° 2385 du 05/08/2007, p. 717). Il n’en reste pas moins qu’une telle explication continue de poser une distinction réelle entre « Eglise du Christ » et « Eglise catholique », celle même existant entre l’être et le mode d’être. Selon la doctrine conciliaire (cf. les deux arguments suivants), l’Eglise du Christ a un mode d’être complet et concret dans l’Eglise catholique, un mode d’être incomplet dans les autres confessions chrétiennes.
[3] – Il est connu que cette formule de LG 8 a été choisie aux dépends d’une formule plus classique un moment prévue : […] éléments qui, appartenant proprement par don de Dieu à l’Eglise catholique.
[4] – Certains objectent que le Concile ne distingue pas réellement l’Eglise du Christ de l’Eglise catholique, vu qu’il affirme que la société douée d’organes hiérarchiques [Eglise catholique] et le Corps mystique du Christ [Eglise du Christ], l’assemblée visible [Eglise catholique] et la communauté spirituelle [Eglise du Christ], l’Eglise de la terre [Eglise catholique] et l’Eglise si riche en biens célestes[Eglise du Christ], ne doivent pas être considérés comme deux réalités, mais forment une seule réalité complexe (LG 8§1). A cette objection, nous répondrons qu’affirmer l’union de deux choses distinctes – l’Eglise du Christ et l’Eglise catholique – pour former une seule réalité complexe n’est pas affirmer l’identité de ces deux choses. Cette unité est au contraire refusée, puisque le Concile dit que la réalité engendrée de cette union est complexe. D’un point de vue logique, cela pousserait plutôt à affirmer trois réalités réellement distinctes : les deux réalités composantes, et la réalité composée résultant de leur union ; tout comme le corps et l’âme se distinguent réellement, et leur composé – l’homme vivant – formant une troisième réalité. Si le Concile n’affirme nullement cela, il n’en reste pas moins que l’analogie que LG 8 pose avec l’union hypostatique dans le Verbe Incarné signifie bien que, si le Concile refuse la séparation totale de l’Eglise du Christ et de l’Eglise catholique, il en admet la distinction réelle (à l’instar des deux natures réellement distinctes dans le Christ).
[5] – Pie XII, encyclique Mystici Corporis, Enseignements pontificaux de Solesmes, L’Eglise, tome 2, n° 1064.
[6] – Calvin, Inst., l. 4, c. 4.
[7] – Jean-Paul II, encyclique Ut unum sint, n° 42.
[8] – Concile Vatican II, décret Unitatis redintegratio, n°3.
[9] – Cf. Jean-Paul II, Allocution lors de sa visite au siège du COE, DC 1984, n°1878, p. 705 : « Tous baptisés d’un vrai baptême, nous sommes tous enveloppés dans le même et indivisible amour du Père, vivifiés par le même et indivisible Esprit de Dieu, incorporés au Fils unique. Si, entre nous, nous sommes divisés, nous sommes cependant saisis par une même étreinte, par ce que saint Irénée appelait : “les deux mains du Père” (le Fils et l’Esprit). Voilà ce qui nous pousse à renouer entre nous la communion. Il s’agit d’accepter d’être ce que nous sommes pour Dieu, en vertu d’ “un seul baptême” à cause du “seul Dieu et Père de tous qui règne pour tous, à travers tous et en tous” (Ép 4, 6). Si nous sommes encore divisés, nous sommes néanmoins tous dans le mystère de la Pentecôte renversant Babel. ». Cf. encore Jean-Paul II, Audience générale du 20 janvier, DC 1982, n°1824, p. 197 : « “Vous êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu” (cf. Ép 2, 19), écrivait saint Paul aux chrétiens d’Éphèse. C’est pourquoi l’unité des chrétiens est comme l’unité d’une grande famille. »  Le Pape utilise très souvent cette image de la famille pour décrire le lien surnaturel unissant tous les baptisés. Cf. par exemple Jean-Paul II, Voyage en Suisse, rencontre avec la Fédération des Eglises protestantes, DC 1984, n°1878, p. 725-726 : « Nous venons de prier ensemble. C’était pour moi une grande grâce que j’ai partagée avec vous. Lorsque nous disons ensemble le Notre Père, nous sommes réunis au nom du Seigneur, car c’est l’Esprit de Dieu qui nous permet de dire “Père”, il met en nous les sentiments du Fils (cf. Ph 2, 5), et c’est donc l’Esprit de Dieu aussi qui nous permet de dire “frères” et “sœurs” » ; Jean-Paul II, Audience générale du 23 janvier, DC 1985, n°1890, p. 231-232 : « Redécouvrir dans les autres, jusqu’à il y a peu de temps inconnus ou considérés comme des adversaires, le visage du frère, est un don inestimable du Seigneur, qui a appelé tous les chrétiens dans la communauté de foi et d’amour qui est l’Église de Dieu. » ; Jean-Paul II, Message au Patriarche Bartholomeos 1erpour la fête de saint André, DC 2004, n°2305, p. 11-12 : « Evoquant le chemin parcouru, je me souviens avec émotion des occasions de nos rencontres, en particulier votre visite à Rome en 1995 […] Dieu est bon pour nous ; en effet, durant toutes ces années, nos liens ont manifesté l’esprit de famille qui nous unit et qui, malgré les difficultés, nous fait progresser vers le but qui nous est fixé par le Christ et que nos prédécesseurs se sont attachés à tracer avec vigueur. » ; Jean-Paul II, Homélie de la messe célébrée au Palais des Sports du Caire, DC 2000, n°2222, p. 263 : « Je salue aussi avec déférence les Autorités et toutes les personnes qui ont souhaité se joindre à cette célébration. Nous avons l’Église copte orthodoxe, son vénéré Patriarche le Pape Chenouda III, notre frère, et tous les évêques et fidèles de cette Église. J’adresse mes souhaits les meilleurs à Sa Sainteté le Pape Petrus VII, Patriarche grec orthodoxe d’Égypte et à tous les fidèles de son Église. Votre présence ici autour du Successeur de Pierre est un signe de l’unité de l’Église, dont le Christ est la tête. Que la fraternité entre tous les disciples du Seigneur, si bien manifestée ici, soit un encouragement à poursuivre vos efforts pour constituer des communautés unies dans l’amour, ferments de concorde et de réconciliation » ; Jean-Paul II, Discours à S.B. Christódoulos, archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, DC 2001, n°2248, p. 459-460 : « Nous sommes tous membres de la famille de Dieu, appelés à servir l’unique Seigneur et à proclamer son Évangile au monde. »
[10] – Pie XII, encyclique Mystici Corporis, Enseignements Pontificaux de Solesmes, L’Eglise, vol. 2, n° 1015.
[11] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Réponses à des questions concernant certains aspects de la doctrine sur l’Eglise du 29/06/2007, DC 2007 n° 2385, p. 717, réponse à la deuxième question. Cf. K.J. Becker, Subistit in, ORLF n° 49 du 06/12/2005.
[12] – Congrégation pour la doctrine de la foi, notification A propos du livre Eglise : charisme et pouvoirdu P. Leonardo Boff du 20/03/1985 (DC 1985, p. 485).
[13] – Benoît XVI, discours à la Curie du 22/12/2005.
[14] – J. Ratzinger, La pluralité des confessions ne relativise pas l’exigence de la vérité, 2ème partie, ORLF n° 43 du 24/10/2000, p. 10.
[15] – Cf. par exemple J. Ratzinger, L’Ecclésiologie de la Constitution conciliaire Lumen Gentium, DC 2000, n° 2233, p. 303 sq. : Subsistere est un cas spécial de esse. C’est l’être dans la forme d’un sujet qui est par lui-même. C’est bien de cela dont il s’agit ici.
[16] – Cf. par exemple F. Ocariz, Eglise du Christ, Eglise catholique et Eglise qui n’est pas en pleine communion avec l’Eglise catholique, ORF n° 50 du 13/12/2005, p. 9 ; Guido Pozzo, Aspects de l’ecclésiologie catholique dans la réception de Vatican II, Wigratzbad le 02/07/2010.
[17] – Saint Augustin, Sup Ps. 10, 3 ; II sup Ps. 29, n° 5, 22 ; II sup Ps. 30 n° 4 ; Sermo n°341, cap. 9, n°11 et 12 ; Sermo 344 n° 3 ; De doctrina christiana, lib. 3, ch. 31, n° 44 ; Saint Grégoire le Grand, In Job I praef. 6,14 ; Lib. 4, 11,18 ; lib. 19, 14,22 ; lib. 35, 14 ,24. Saint Thomas d’Aquin, sup. Sent. III, dist. 18, a 6, qla 1, ad 2um ; De veritate, q. 29, a. 7, sed c. 3 et ad 11um ; sup. ep. S. Pauli lect ?, in Col, I, lec. 6 ; in Ps XXI, 1 ; in Ps XXX, 1 ; Sum. Théol III, q. 15 a. 1 ad 1um ; q. 19 a. 4 ; q. 48, a. 2 ad 1um ; q. 49, a. 1 ; Cajetan, Apologie du Traité où l’on compare l’autorité du pape à celle du concile, ch. 9, n° 586 et 587 ; etc.
[18] – Pie XII, encyclique Mystici Corporis, EPS La liturgie, tome 2, n° 1068.
[19] – Cf. Benoît XVI, discours à la Curie du 22/12/2005.
[20] – Cf. J. Ratzinger, Les Principes de la théologie catholique. Esquisse et matériaux, Téqui, 1982, p. 426-427.
[21] – Cf. Paul VI, discours lors de l’ouverture de la 2ème session du Concile § 19 à 22, DC 1963 n° 1410, col. 1351-52 (on sait que le pape a considéré ce discours comme sa « première encyclique » : L’heure est venue, disait le pape, où la vérité concernant l’Eglise du Christ doit de plus en plus être explorée, ordonnée et exprimée, non pas peut-être en ces formules solennelles que l’on nomme définitions dogmatiques, mais en des déclarations par lesquelles l’Eglise se dit à elle-même […] ce qu’elle pense d’elle-même. Il importe à ce sujet de relire la première partie de l’encyclique Ecclesiam suam, écrite en plein concile, et précisément consacrée à la « conscience de l’Eglise ».
[22] – Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n°11.
[23] – Jean-Paul II, encyclique Slavorum apostoli, n°16.
[24] – Saint Pie X, encyclique Pascendi dominici gregis, EPS L’Eglise, tome 1, n°705.
[25] – L’Eglise, ne peut juger au for externe des réalités intérieures à la conscience de chacun, mais seulement de ce qui apparaît, ainsi que le rappelle Léon XIII : De l’état d’esprit et de l’intention, parce que ce sont choses intérieures, l’Eglise ne juge pas ; mais en tant qu’ils paraissent au dehors, elle doit en juger (Léon XIII, Lettre apostolique Apostolicæ curæ du 13/09/1896 sur la nullité des ordinations anglicanes, ASS 29 (1896-1897), p.201. DzH 3318). Dès lors, même si, dans sa pastorale, comme une bonne mère, elle incline à espérer leur appartenance “de désir au moins inconscient” lorsqu’elle les approche quand ils se trouvent dans le péril de mort (Dom. M. Prümmer, o.p., Manuale theologiæ moralis, T. 1, n° 514, 3), cependant, juridiquement, l’Eglise ne le présume pas en temps normal. C’est pourquoi elle a toujours exigé, ad cautelam, leur abjuration du schisme ou de l’hérésie lorsqu’ils reviennent à l’Eglise catholique (Cf. CIC 1917, can. 2314, § 2). A plus forte raison ne présume-t-elle pas la bonne foi des dissidents considérés en corps constitué, en communauté visiblement séparée de l’Eglise catholique.
[26] – Pie IX, allocution Singulari Quadam du 09/12/1854, Dz 1647 (ancienne numérotation ; absent du DzH).
[27] – Pie XII, encyclique Mystici corporis, EPS L’Eglise vol. 2, n°1104 ; Lettre de la Cong. du St Office à l’archevêque de Boston du 08/08/1949, EPS l’Eglise vol. 2, n°1258-1261.
[28] – St Augustin, Tract. in Jo Ev tract. 6, n°19-24 ; tract 7, n°3 ; Enarrin Ps. 127, 13 ; ContraFaustum, 12, 20 ; etc.
[29] – Cf. Pie XII, encyclique Ad apostolorum principis du 29/12/1958 : Les actes relatifs au pouvoir d’ordre, posés par ces ecclésiastiques, même s’ils sont valides – à supposer que la consécration qu’ils ont reçues ait été valide – sont gravement illicites, c’est-à-dire peccamineux et sacrilèges. On se rappelle à ce propos les paroles de sévère avertissement du divin Maître : « Qui n’entre pas dans le bercail par la porte, mais y entre par ailleurs, est un voleur et un brigand » (Jn, 10,1).
[30] – Cf. Léon XIII, lettre Eximia nos laetitia du 19/07/1893 à l’évêque de Poitiers : A cela revient aussi qu’ils ne se peuvent rien promettre des grâces et des fruits du perpétuel sacrifice et des sacrements qui, tout en étant administrés avec sacrilège, étaient cependant valides et servaient en quelque manière à cette forme et apparence de la piété, que désigne saint Paul et dont parle plus longuement saint Augustin. « La forme de la branche, dit très justement ce dernier, peut être visible, même en dehors de la vigne, mais la vie invisible de la racine ne peut être conservée que dans l’union avec le cep. C’est pourquoi les sacrements corporels, que d’aucuns conservent et prônent en dehors de l’unité du Christ, peuvent garder l’apparence de la piété. Mais la vertu invisible et spirituelle de la vraie piété ne peut y résider, pas plus que la sensibilité ne demeure dans un membre amputé ».
[31] – Pie XII, encyclique Ad sinarum gentem, du 07/071954.
[32] – Benoît XIV, bref Singulari nobis du 09/02/1749, DzH n° 2566 à 2568 ; Cf. Léon XIII, lettre Eximia nos laetitia du 19 juillet 1893 à l’évêque de Poitiers : Ils n’ont plus les sacrements, sauf le baptême […]baptême fructueux pour ceux-ci, pourvu qu’à l’âge de discrétion ils n’adhèrent point au schisme, mais mortel pour ceux qui l’admi­nistrent, car, en le conférant, ils font volontairement acte de schisme.
[33] – Léon XIII, encyclique Satis cognitum, EPS L’Eglise vol. 1, n°559-560 et 569-570. Les témoignages des pères sont récurrents en ce domaine. Outre ceux cités par Léon XIII en son encyclique, on peut encore mentionner deux lieux parmi les plus classiques : Saint Irénée, Adv. Haer.lib. 4, cap. 26 ; saint Vincent de Lérins, Commonitorium, cap. 2.
[34] – Cf. Concile Vatican II, décret Unitatis Redintegratio n°3 : Parmi les éléments ou les biens par l’ensemble desquels l’Église se construit et est vivifiée, plusieurs et même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l’Église catholique : la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l’espérance et la charité, d’autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d’autres éléments visibles. Tout cela, provenant du Christ et conduisant à lui, appartient de droit à l’unique Église du Christ. De même, beaucoup de gestes sacrés de la religion chrétienne s’accomplissent chez nos frères séparés, et, de manières différentes, selon la situation diverse de chaque Église ou Communauté, ils peuvent certainement produire effectivement la vie de la grâce, et l’on doit reconnaître qu’ils ouvrent l’entrée de la communion du salut. En conséquence, ces Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions victimes de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut.
[35] – Il a été dit plus haut qu’ils n’y étaient présents que matériellement.
[36] – Cf. Saint Augustin, Adv. Cresconius, lib. 2, X, 12 ; De baptismo, lib. 1, XII,19 ; XIX,29 ; Lettre aux catholiques au sujet de la secte des donatistes, 24,68.
[37] – Pie XII, encyclique Ad sinarum gentem, du 07/071954. [38] – Lettre du Saint Office à l’archevêque de Boston du 08/08/1949, DzH 3868 – 3869.
[39] – Congrégation pour le Doctrine de la Foi, 06/08/2000, déclaration Dominus Iesus n° 17.
[40] – Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lettre Communionis notio du 28/05/1992 sur certains aspects de l’Eglise prise comme communion, n° 17, DC 1992 n°2055 p. 729 sq. ; Note du 30/06/2000 sur l’expression “Églises sœurs”, n°11-12. DC 2000 n°2233, p. 823. Cf. J. Ratzinger, La pluralité des confessions ne relativise pas l’exigence de la vérité, ORLF n°42 du 17/10/2000. On aura une idée de cette théologie réductrice à l’excès de l’Eglise en relisant des passages de la conférence donnée par le Card. Ratzinger le 15/09/2001 à l’occasion de l’ouverture du Congrès pastoral du diocèse d’Aversa sur l’Ecclésiologie de Vatican II. Après avoir décrit l’Eglise comme intériorité, il en vient à ce qu’il appelle l’ecclésiologie eucharistique : Mais qu’entend-on par ecclésiologie eucharistique ? Je chercherai très brièvement à évoquer quelques points fondamentaux. Le premier est que la Dernière Cène de Jésus est définissable comme le véritable acte fondateur de l’Eglise […] Cette formule, en effet, signifie que l’Eucharistie relie tous les hommes, non seulement entre eux, mais aussi avec le Christ, et de cette manière les fait devenir « Eglise ». Dans le même temps cela donne déjà la constitution fondamentale de l’Eglise : l’Eglise vit en communautés eucharistiques. Sa Messe est sa constitution, parce qu’elle est elle-même, dans son essence, Messe, service de Dieu et donc service des hommes, service de la transformation du monde. La messe est sa forme. En effet, parler de la Dernière Cène comme le véritable acte fondateur de l’Eglise est réducteur ; ceci dit il est tout de même question de Pierre dans Communionis notio, n°12-13. Cf. : « Le Souverain Pontife en tant que successeur de Pierre est principe et fondement perpétuel et visible de l’unité de l’épiscopat comme de l’unité de l’Eglise tout entière. Cette unité de l’épiscopat se perpétue au long des siècles grâce à la succession apostolique, et elle est aussi fondement de l’identité de l’Eglise de tout temps avec l’Eglise édifiée par le Christ sur Pierre et sur les autres Apôtres »…
[41] – Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lettre Communionis notio du 28/05/1992 sur certains aspects de l’Eglise prise comme communion, n° 17, DC 1992 n°2055 p. 729 sq. 

[42] – Pie IX, lettre Jam vos omnes du 13/09/1868, EPS, L’Eglise vol.1, n° 315.