8 janvier 2013

[Ennemond - Fecit] La romanité, une réalité de chaque instant

SOURCE - Ennemond - Fecit - 8 janvier 2013
Les sédévacantistes seraient – d’après votre définition – caractérisés par le fait qu'ils « ne répondent à aucune hiérarchie : ils revendiquent une poignée d’évêques, allant d’une chapelle à l’autre, sans que ni les uns ni les autres ne répondent d’une quelconque autorité. » Gardons-nous bien de correspondre à cette définition car, en récusant et l’autorité de Rome et celle de la société sacerdotale jadis régulièrement fondée en accord avec celle-ci, certains esprits risquent de frayer sur ces chemins où on se revendiquerait de n’importe quel évêque, errant dans quelques chapelles, et ne répondant effectivement d’aucune autorité : en étant en quelques sorte des « franc-tireurs ». En ne désirant pas sombrer dans un sédévancatisme sinon revendiqué, on peut néanmoins flirter avec un sédévacantisme pratique qui consiste à se faire gagner par de simples sentiments d’animosité qui agissent cependant au détriment de la foi :
  • Si le seul nom ou l’image du vicaire de Jésus Christ, malgré les différends qui peuvent être réels, suscitent une répulsion plus qu’un sentiment filial, il y a danger.
     
  • Si nous ne sommes pas capables, malgré la difficulté que représente à nos yeux la crise qui affecte Rome, de prier chaque jour pour le pontife régnant, alors il y a danger.
     
  • Si, en dépit de la maladie qui affecte actuellement les autorités, la Rome éternelle n’est pas, dans notre esprit, gouvernée hic et nunc par le 266e successeur de saint Pierre, alors il y a danger.
     
  • S’il y a hésitation pour un prêtre à devoir citer le nom de Benoît XVI au Canon de la messe, alors il y a danger.
Si nous cédons à toutes ces tentations, nous aurons scandaleusement accaparé les prérogatives du Siège romain en décrétant qui doit être pape, qui ne doit pas l’être, et même en affirmant qui ne doit « peut-être » pas l’être. Ces questions ne nous appartiennent pas. Mgr Lefebvre avait fait le pari, à la fois optimiste et courageux, qu’on pouvait durer dans le temps en maintenant une certaine réserve à l’égard de l’esprit qui souffle à Rome pour à la fois maintenir un esprit résolument catholique, sans sombrer dans un écueil séparatiste. Si, avec le temps, l’usure nous fait pencher d’un côté – dans l’abandon de la liturgie et du catéchisme traditionnels – ou de l’autre – dans un séparatisme sinon consenti, du moins manifesté, en entretenant une aigreur continuelle et en constituant un magistère parallèle – nous aurons désavoué le pari de celui qui disait en 1988 : « Loin de moi, loin de moi de m’ériger en pape ». Alors nous nous trouverions devant ce choix inextricable : d’un côté, nous considérerions que la crise perdure ; de l’autre nous verrions qu’avec le temps, nous serions incapables de maintenir une attitude équilibrée qui dure.