15 décembre 2005

[Abbé Guillaume de Tanoüarn - Objections] Corriger le Concile

Abbé Guillaume de Tanoüarn - Objections - décembre 2005

Nous osons parler - ici et maintenant - de la correction du concile par le pape.  Le verbe “corriger” est audacieux, nous le mesurons.  Il est employé à cause des victimes, produites par la réception de ce Concile dans l'Église catholique romaine depuis 40 ans.  Combien ont perdu la foi à cause de l'optimisme de ce Concile, où le dogme semblait remplacé par le dialogue? Combien ont cru en l'homme, à l'image du pape Paul VI lui-même qui en fit solennellement l'aveu? Combien ont oublié le culte de Dieu pour mieux sacrifier à ce culte de l'homme triomphant, si caractéristique de ce que l'on a appelé les 30 glorieuses, ces trente années de notre après-guerre?
Il est temps de se réveiller de l'euphorie… Il est temps de revenir à la réalité des églises vides et des séminaires déserts… La sécularisation des sociétés occidentales a été ravageuse. Les réponses n'ont pas été trouvées… « Ecce civitas Sancti facta est deserta» ? Si l'Église, qui est la Cité sainte, se trouve seule, dans un monde qui la néglige ostensiblement, cela doit être une raison supplémentaire pour nous d'habiter ses parvis.  Il est temps de retrouver la source, de redécouvrir la fécondité de l'Évangile authentique, des sacrements authentiques, de la foi tranquillement intégrale.
 
Depuis ce 19 avril 2005 où il a été élu, après un conclave parmi les plus courts de l'histoire de l'Église, Benoît XVI multiplie les gestes et les paroles qui vont dans le sens d'une correction du concile Vatican II, visant à lever les malentendus et à retrouver la lumière de l'évidence chrétienne. Nous pensons qu'il exerce par là son droit.
 
Ce droit du pape nous ramène aux polémiques sur la supériorité du concile sur le pape ou du pape sur le concile qui ont occupé les théologiens depuis le concile de Constance en 1415 jusqu'au concile Vatican I en 1870.  Il est clair, depuis Vatican I, que le pape est l'interprète autorisé du concile. Lorsque nous disons qu'il le corrige, nous cédons sans doute à un raccourci journalistique pour la commodité.  Il faudrait sans doute dire qu'il l'interprète, qu'il en fixe la portée et la signification, en utilisant l'autorité divine qui est la sienne en tant que successeur de saint Pierre.
 
Ce travail de correction, dont nous montrons ici l'étendue, il ne s'en vante pas.  Il l'accomplit en silence.  Certains pourront s'en plaindre, estimant que cette correction n'est pas seulement un droit mais un devoir du pape.  « Bête de somme du bon Dieu », comme il s'est défini lui-même dans ses Mémoires, Benoît XVI avance seul.  Seul face à l'histoire, qui le jugera.  Seul face à Dieu, qui l'a déjà jugé, puisqu'il l'a choisi, en ces temps difficiles, pour tenir la barre d'un bateau qui de l'aveu même de son capitaine, « fait eau de toute part».

Notre ambition à Objections: aider le pape à écoper…