15 septembre 2007





Répondre à la volonté du Saint Père?
Editorial - par l'abbé Régis de Cacqueray
Septembre 2007 - Lettre à nos frères prêtres n°35 - Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France - mise en ligne par laportelatine.org
Tout le monde s’accorde à dire que la question de la liturgie traditionnelle se pose avec la plus grande acuité en France (suivie, mais de plus loin, par les États-Unis et l’Allemagne). C’est d’ailleurs pour cette raison que certains évêques français sont montés au créneau durant l’année écoulée. Comme l’a dit, avec un sens aigu de la litote, Mgr Legrez, évêque de Saint-Claude, « de-puis l’automne dernier, il n’a pas manqué de cardinaux et d’évêques français pour exprimer auprès du Saint-Siège leur désir d’aider au progrès de la vie liturgique en France et aussi, il faut le recon-naître, leurs craintes. »
Ceci signifie que le Motu Proprio du 7 juillet dernier vise en particulier la France. Un rapprochement de ce Motu Proprio avec « l’Église qui est en France » n’a donc rien de saugrenu.
Or, que constatons-nous ? En 1984, le pape Jean-Paul II confia aux évêques français (puisque tel est ici notre angle de réflexion) le soin de résoudre en France la question de la liturgie traditionnelle. Quatre ans plus tard, à la suite des sacres réalisés par Mgr Lefebvre, « Jean-Paul II exhorta les évêques [français] à utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur de tous les fidèles qui en feraient la demande », ainsi que le rappelle le Motu Proprio de 2007.
Or, après dix-neuf ans d’expérience, que constatons-nous ? Sur le terrain, il est devenu chaque jour plus clair que la notion épiscopale-française de la « largeur » et de la « générosité » diffère singulièrement de l’acception commune.
Finalement, le Siège apostolique, obligé de reconnaître que la mission confiée aux évêques français n’a pas vraiment abouti, transmet aux curés cette charge, dans l’espérance qu’ils la rempliront avec plus « de lar-geur et de générosité » que leurs supérieurs hiérarchiques.
N’y a-t-il pas là matière à s’interroger, à « poser question » comme le voulait le jargon des années 70, à faire un sérieux examen de conscience, pour parler un vocabulaire plus chrétien ? Ne faut-il pas convenir que le Siège apostolique, par ce geste inédit, signale discrètement l’échec (au moins sur ce point précis de la liturgie) d’une certaine pastorale française ?
Certaines déclarations épiscopales françaises qui affirment plus ou moins que « ce qui devait être fait l’a déjà été » ne correspondent donc pas à la volonté du Saint-Père, ne se situent pas au niveau de l’enjeu. Il appartient à tous ceux qui sont concernés d’y réfléchir sérieusement.
Abbé Régis de CACQUERAY