24 août 2007





Quelques distinctions et nuances utiles (II)…
… pour nous préparer au 14 septembre 2007
24 août 2007 - Jean Madiran - Présent
La première partie de cet article a été diffusée ici.
Quelques distinctions et nuances utiles (II)
Pour nous préparer au 14 septembre
La contestation de principe élevée pendant trente-huit ans contre l’abusive interdiction de la messe traditionnelle n’est donc plus nécessaire depuis le Motu proprio du 7 juillet, qui va entrer en vigueur le 14 septembre.

Il y aura sans doute des difficultés d’application dans les diocèses les plus hostiles : c’est une autre question, qui n’est plus de principe et de droit, mais tout entière maintenant de mise en œuvre pratique.

Il y a l’autre contestation de principe. Elle concerne l’autre messe, qui désormais n’est plus que facultative. A son sujet, des critiques sévères ont été formulées, dès son apparition en 1969-1970, par le cardinal Ottaviani, le Père Calmel, les abbés Georges de Nantes et Raymond Dulac, et par Mgr Marcel Lefebvre à partir de 1971. Ces critiques contestaient que l’on puisse oser présenter la messe « nouvelle » comme très supérieure à l’« ancienne », comme beaucoup plus belle et comme mieux adaptée à séduire la modernité ! En outre, elles dénonçaient dans ses insuffisances un danger pour la foi. Il n’apparaît pas que ces objections aient été levées ou réfutées. Le P. Calmel estimait que la messe de Paul VI n‘était pas une création stable, mais qu’au contraire elle allait ouvrir les portes à une incontrôlable prolifération de fantaisies évolutives et révolutionnaires : ce qui est arrivé. Il ne semble pas que l’on ait depuis lors réussi à fermer ces portes. On aimerait qu’au lieu de soutenir la messe nouvelle par l‘éternel argument d’autorité, asséné sans explication, il y ait de vraies compétences théologiques et liturgiques qui fassent le point de la situation actuelle. Peut-être est-il trop tôt, les adjonctions, améliorations et corrections apportées à la messe de Paul VI n’en étant encore qu‘à leur tout début.

Ce que voit le simple laïc, c’est le célébrant toujours en représentation, tourné vers l’assistance au lieu de l‘être vers Dieu, et multipliant les bavardages de son cru ; ce sont ces églises paroissiales où, par le resserrement des bancs, on a rendu physiquement impossible de s’agenouiller ; c’est la communion toujours distribuée par n’importe qui, reçue debout et dans la main. Il n’est pas besoin d’une grande compétence liturgique ou théologique pour ne pas vouloir y participer.

Bien sûr, on voit aussi que quelque chose a tout de même heureusement commencé à bouger dans plusieurs diocèses, sous l’influence d’une génération de jeunes prêtres en recherche de davantage de solidité et de sacré ; et aussi dans le souvenir des critiques que le cardinal Ratzinger adressait aux divagations liturgiques. On constate une tendance à supprimer maintenant, dans les cérémonies, les gesticulations déplacées. Un état d’esprit favorable à la ratzingérienne « réforme de la réforme liturgique » se développe dans une partie de la hiérarchie. Cependant il ne paraît pas possible d’anticiper sur les résultats escomptés de cette réforme de la réforme, et de faire comme si les inconvénients de la messe de Paul VI n’existaient plus.

Il est facile de comprendre quel peut être l’embarras, voire le mécontentement, d‘évêques qui s‘étaient engagés à fond, en toute sincérité, dans le rejet absolu des liturgies, des catéchismes et des exégèses antéconciliaires.

Mais il y a eu aussi l’action d’un parti subversif, manipulateur et dominateur, bizarrement haineux, installé in sinu gremioque Ecclesiae. Et il l’est toujours.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6406 de Présent, du Vendredi 24 août 2007, p.1