30 janvier 2009





Pastoral contre dogmatique
30 janvier 2009 - Nicolas Senèze - la-croix.com
Il est une idée que les intégristes ont doucement réussi à instiller dans l’Église : Vatican II serait un concile pastoral, donc faillible, et non dogmatique et infaillible.
Revenons donc à ce que Jean XXIII disait en ouverture du concile, le 11 octobre 1962 :
« Le XXIe Concile œcuménique veut transmettre dans son intégrité, sans l’affaiblir ni l’altérer la doctrine catholique. (…) Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui réponde aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. (…) On devra recourir à une façon de présenter qui corresponde mieux à un enseignement de caractère surtout pastoral ».
Effectivement, Vatican II n’avait pas pour but de condamner une hérésie et sa visée était bien pastorale : dire la foi de toujours avec les mots d’aujourd’hui. Mais c’est bien là aussi un objet dogmatique car c’est de la foi de l’Église dont il était question à ce concile. D’ailleurs, deux des principaux textes de Vatican, Dei verbum (sur la Révélation) et Lumen gentium (sur l’Église) sont des constitutions « dogmatiques ».
Et l’infaillibilité dans tout cela ? Le concile fait bien partie du magistère authentique et infaillible de l’Église. C’est pour cela que le pape en signe tous les actes : dans l’Église, le concile n’est pas supérieur au pape et c’est ce dernier qui, en quelque sorte, les « couvre » de son autorité en les promulguant.
Cela veut-il dire qu’on ne peut pas critiquer le concile ? Non, évidemment. On peut toujours discuter de son interprétation – Benoît XVI lui-même ne s’en prive pas – et c’est là un exercice nécessaire pour assurer sa bonne réception. Mais sur le fond, sur ce qui constitue la foi de l’Église, il n’est pas question de remettre en cause l’autorité du concile. Ce serait remettre en cause celle du pape.
Nicolas Senèze