2 juin 2007





La liberté de la messe tradi est un fait bien établi
2 juin 2007 - Présent - Jean Madiran - mis en ligne par leforumcatholique.org
Alors que se prolonge l’attente du “Motu proprio”
La liberté de la messe tradi est un fait bien établi


Je reçois du R.P. Louis-Marie de Blignières une lettre attestant un fait nouveau, c’est-à-dire jusqu’ici inconnu du public : ce fait nouveau confirme que l’usage de la messe traditionnelle est bel et bien autorisé par le Pape à tous ceux qui le désirent.

Il s’agit des actes et conséquences de la mystérieuse commission cardinalice instituée par Jean-Paul II en 1986, et de la confirmation apportée ainsi à la récente déclaration du cardinal Castrillon Hoyos (Présent du 24 mai) : l’actuelle commission pontificale Ecclesia Dei a bien eu un précédent, une « première » commission restée secrète mais dont les travaux ont officiellement valeur de référence.

Le 18 octobre 1988, m‘écrit le P. Louis-Marie de Blignières, le président de la commission pontificale Ecclesia Dei, qui venait d‘être instituée, avait obtenu, lors d’une audience du Saint-Père, diverses facultés. La première était ainsi libellée :

« … Concedendi omnibus id petentibus usum Missalis Romani secundum editionem typica vim habentem anno 1962, et quidem iuxta normas iam a commissione Cardinalitia “ad hoc ipsum instituta” mense Decembri anno 1986 propositas, praemonito Episcope diocesano. »

C’est donc bien à tous ceux qui le demandent qu’est accordé l’usage du missel romain de 1962, selon les normes proposées en décembre 1986 par la commission cardinalice instituée à cet effet.

Ces « normes » proposées par la première commission cardinalice n’ont pas, si nous comprenons bien, valeur législative. Elles ont valeur de références de plus en plus invoquées, semble-t-il, pour inspirer les décisions à prendre. Nous n’en connaissons que le « résumé » établi par Eric de Saventhem dans sa lettre à Mgr Ré du 24 mai 1994 (rendue publique seulement en juin 1998). La disposition principale comporte une « double exigence » : 1) que dans chaque localité importante, au moins une messe chaque dimanche soit célébrée en latin ; 2) que pour toute messe en latin le célébrant ait le droit de choisir librement entre l’ancien rite et le nouveau.

Le procès-verbal de l’audience pontificale du 18 octobre 1988, nous précise le P. de Blignières, n’a été publié officiellement par les Acta Apostolicae Sedis que tardivement, et sur l’insistance du cardinal Ratzinger : le 3 mai 1990, c’est-à-dire vingt mois plus tard. Et cette publication était passée inaperçue à l‘époque ; comme d’ailleurs la lettre que le cardinal Ratzinger écrivit presque aussitôt.

Car la chronologie est ici très parlante. Le 3 mai, publication aux Acta. Le 18 juillet suivant, dans sa lettre-préface au missel du Barroux, le cardinal Ratzinger peut écrire publiquement avec pleine assurance de n‘être pas contredit, puisque c’est alors enfin devenu officiel, que le Pape a bien voulu concéder l’usage de la messe traditionnelle à tous ceux qui y sont attachés.

Depuis la publication aux Acta et la lettre du cardinal Ratzinger, dix-sept années ont passé. L’opposition acharnée à la messe traditionnelle, dans l‘épiscopat et à l’intérieur de la curie romaine, a sensiblement diminué d’intensité et d’amplitude, elle est toutefois demeurée assez puissante pour bloquer les choses, s’appuyant sur l’ambiance néo-moderniste qui s’est tellement répandue à tous les étages du clergé catholique. Il y a aussi, venues de l’extérieur, les menaçantes et discrètes pressions temporelles des puissances hostiles, sur le thème : la messe traditionnelle, c’est l’extrême droite, c’est le fascisme, c’est le racisme, c’est l’antisémitisme, c’est Hitler !

Dans cette situation terriblement embarrassante, délicate, difficile pour le gouvernement de l’Eglise, il y a en outre, à l‘étape actuelle, la fragilité du mot « concéder », qui ne paraît pas parfaitement convenir face à la liberté et à la primauté d’honneur dues à la messe traditionnelle. Mais peut-être est-ce là, disons, une « question [légitimement] disputée ».

JEAN MADIRAN


Présent
n° 6348 du Samedi 2 juin 2007, p.1