17 juillet 2007





Cher Petrus et Chers tous : le MP
17 juillet 2007 - L'hélice - leforumcatholique.org
Cher Petrus,
on sent une jubilation dans votre message, comme si vous pensiez par un petit message refaire marcher droit tous ces tradis enthousiastes. En fin de compte, votre message ne lance aucun débat. Mais puisqu'il me paraît bon d'être prudent au sujet du motu proprio (je crains les Grecs même lorsqu'ils apportent des présents), je voudrais poser quelques questions pour aller dans votre sens, en laissant de côtés les fioritures rhétoriques.

Chers tous,
Le Motu Proprio nous dit que la forme extraordinaire et la forme ordinaire du SEUL rite de la Messe (déjà on fronce les sourcils) expriment toutes deux la même lex orandi. Bref, deux variantes d'un même rite, une seule doctrine. On peut ici poser deux questions qui me paraissent importantes, concernant la Messe et le sacerdoce catholiques:
- la messe de Paul VI prêche-t-elle clairement la doctrine catholique du Saint Sacrifice, propitiatoire, impétratoire, eucharistique et de louange? quand on appelle désormais chez les conciliaires la Messe "l'Eucharistie" (surtout ne pas parler d'expiation, puisqu'il n'y a plus de péché)
- la messe de Paul VI affirme-t-elle qu'il y a une différence de NATURE et non pas de DEGRE entre le sacerdoce du prêtre et celui des fidèles? Je vous laisse réfléchir et comparer ces deux paroles au moment de l’offertoire : messe de P VI : « Prions ensemble, au moment d’offrir le sacrifice de toute l’église ». Messe de St Pie V : « Priez mes frères, afin que mon sacrifice, qui est aussi le votre, soit rendu acceptable auprès de Dieu le Père Tout Puissant. »

Il faut répondre un OUI sans réserve à ces deux questions pour bénéficier du Motu Proprio puisque la condition sine qua non de la munificence romaine est la reconnaissance de la sainteté de la nouvelle messe. Plusieurs remarques au sujet de cette condition :
- LE COMBAT TRADI était-il de voir autorisée la messe tridentine, ou de rejeter la nouvelle messe ? La réponse est dans la question. La résistance est donc pulvérisée avec le motu proprio : s’il est accepté dans le tradiland, la raison d’être de ces réserves d’indiens que sont les chapelles tradis disparaît, et avec elle la résistance aux modernistes. D’ailleurs, si la nouvelle messe vaut l’ancienne, à quoi bon vouloir conserver ce rite : rendons simplement les messes P VI plus jolies, solennelles, ajoutons un brin de latin, bref, rendons-les tradi-compatibles !
- LES SACREMENTS : vous savez tous que certains se font « re-confirmer » chez les FSSPX parce qu’ils doutent de la validité du sacrement reçu chez les conciliaires. S’il en est ainsi de la confirmation, qu’en est-il de l’Ordre ? Je demande ici de la cohérence ou du courage, la reconnaissance des confirmations conciliaires, et avec elle de tous leurs sacrements, ou le rejet et des confirmations, et des communions, confessions, etc… (sauf le baptême, évidemment) conciliaires, bref de tous leurs Sacrements, même l’Ordre. Or, si l’on remet en cause cette validité, quel sens aura la célébration par un prêtre conciliaire (non validement ordonné) de la Messe dans le rite de St Pie V ? A ceux qui crient à l’argument sédévac, je demande de me dire s’ils ont réçu une « deuxième » confirmation sub conditione, et de m’en expliquer la raison.
- LA PRATIQUE : mais qui a dit que les conciliaires voulaient de la messe de St Pie V ? Ils n’y sont même pas indifférents, ils l’abhorrent. Qu’est-ce que le motu proprio va changer ? Rien, puisque personne ne va s’en servir. Il y a simplement de quoi réjouir les communautés ecclesia dei, qui de toutes façons avaient déjà l’aval romain.

Moi je crois que Benoît XVI a trouvé le moyen de laminer le monde tradi, en leur faisant accepter la nouvelle messe et la doctrine du concile sous couvert d’ouverture à leur demande ; en leur donnant une fausse messe de St Pie V, dite par des prêtres qui n’en seront pas. Et pour conclure J’ACCUSE les chefs de la FSSPX de vouloir ménager les deux courants qui la traversent, les modérés et les durs : on chante un Te Deum, mais on réaffirme que le combat est doctrinal. On se répand sur la gauche (quelle victoire, merci très très très saint Père !) et sur la droite (nous avons gagné une bataille, pas la guerre). Dans le monde anglo-saxon, ces gens s’appellent des « spin doctors » c.a. d des spécialistes du « tout et son contraire ».

Quelqu’un a-t-il quelque chose à me dire pour que je puisse moi aussi ressentir l’enthousiasme universel ?

L’Hélice.