13 septembre 2008

[Samedi 13 septembre - 9h20] L'abbé Philippe Laguérie sur RTL
13 Septembre 2008 - Radio RTL

[transcription] - leforumcatholique.org
Journaliste (Bernard Poirette) : Invité de RTL ce matin, le Père Philippe Laguérie. Bonjour !
Abbé Laguérie : Oui, bonjour.
Journaliste : Cette première journée en France de Benoît XVI a-t-elle répondu à vos attentes, vous qui vous présentez comme un prêtre catholique traditionnaliste ? Avez-vous été décu ou enthousiasmé ?
Abbé Laguérie : J'étais hier soir aux Vêpres du Pape. On nous avait d'ailleurs très gracieusement retransmis son discours aux Bernardins, bref on a été très bien placé et l'impression que j'en ai est que je suis émerveillé si vous voulez. On a un pape qui dégage une sérénité et une bonté qui émane de lui qui est particulièrement saisissante et je crois qu'il est l'homme choisi par Dieu pour ramener la paix liturgique en France et puis que au lieu de se regarder dans l'eglise qui est en France comme des ennemis potentiels avec nos différences, et bien on va tous s'unir derrière ce pape, je pense.
Journaliste : Plus précisément, Père Laguérie, comment réagissez-vous par rapport à cette phrase de Benoît XVI qui, hier devant la communauté juive de Paris, a déclaré qu' "être antisémite, c'est être anti-chrétien". Vous êtes d'accord avec lui ?
Abbé Laguérie : Complètement, mais complètement. Il ne faut vraiment avoir jamais fait de théologie de sa vie pour ne pas voir que le Christianisme a son nid dans la religion juive. Enfin le plus juif de tous les hommes, c'est le Fils de Dieu, c'est Jésus de Nazareth. Il n'y pas de doute de cela. Et puis ce juif qui est son bras droit, si je puis dire, pour la fondation de l'Eglise, Saint Paul, également... Donc je ne vois pas comment l'on peut encore discuter de choses aussi évidentes.
Journaliste : Mais tout de même, quand le pape souligne que la France certes est multiple, mais que dans le même temps, il affirme sa volonté de tout faire pour que les musulmans puissent vivre leur religion à égalité avec toutes les autres religions, là aussi vous approuvez ou vous avez des bémols ?
Abbé Laguérie : Ecoutez, là ce n'est plus une question religieuse que vous me posez, c'est une question politique et je n'ai pas à donner un avis politique. Si c'est une question religieuse alors je suis entièrement d'accord bien sur. Au Moyen-Age et même aux temps des Croisades, on respectait le culte des musulmans. Ce n'est pas une question religieuse, c'est une question politique, c'est tout. Quand le pape rappelle, vous devriez le dire, dans son discours des Bernardins, que le fondement - je cite mot à mot - que "les fondements de la civilisation européenne, c'est la recherche de Dieu", c'est merveilleux, c'est profondément vrai. Qui a fait passer le monde après les grandes invasions barbares jusqu'à la civilisation que nous connaissons, et il l'a bien souligné avec une capacité de prière et une capacité de travail - c'est la devise des bénédictins, c'est les bénédictins, c'est les moines qui ont fait l'Europe. Il faut quand même le rappeler et qu'est-ce que vous voulez, l'Europe n'a pas été fait par le Coran, c'est un fait historique. L'Europe a été faite par les moines bénédictins en particulier et sur cette devise "Ora et Labora", "prie et travaille" et les fondements de la civilisation européenne - et on ne fait d'insulte à personne en disant cela - c'est cette quête de Dieu, cette soif de Dieu. J'espère que l'Europe aura toujours soin de miser sur cette quête de Dieu parce que si vous enlevez Dieu dans ce monde, qu'est-ce qu'il reste ? De la production et ca ne nourrit pas les hommes.
Journaliste : En ce qui concerne la messe de tout à l'heure sur l'Esplanade des Invalides et au-delà de tout ce qui va se passer à Lourdes pour les deux ou trois prochains jours, vous voudriez les choses comment ? Parce qu'on sait que le nouveau pape est très attaché à la tradition, de la facon de faire la messe, l'hostie dans la bouche, se retourner éventuellement dos à la foule, etc, vous voyez ca comme ca ?
Abbé Laguérie : Oui, écoutez, petit à petit, le pape ramène le sens du sacré. Il a parlé longtemps, il a fait un synode sur l'eucharistie. Il a rappelé les devoirs d'adoration, de respect. Hier soir, encore à la Cathédrale, il nous disait : "vous ne ferez jamais d'assez belles liturgies, elles doivent ressembler à celles du Ciel, elles en sont d'ailleurs la préfiguration, le signe, le symbole", le sacrement si je puis dire. Donc on a vraiment un pape qui redonne à l'Eglise le sens du sacré, de la prière, de la dignité et de la beauté des Offices. J'attends beaucoup également de la session extraordinaire. Il a demandé à tous les évêques de présider lui-même une assemblée de l'ensemble des évêques de France. Alors je ne sais pas évidémment - cela n'a pas eu lieu - je ne sais pas ce qu'il dira mais on peut attendre de cette réunion, me semble-t-il enfin j'espère, que les évêques travaillent aussi dans ce sens à rendre du sacré et en particulier depuis le Motu Proprio de 2007 qu'on élargisse la possibilité encore et encore de dire la messe traditionnelle. C'est une messe qui a 16 siècles, au moins 16 siècles, qui est d'une beauté absolument saisissante. Ce qui est très curieux, c'est que les jeunes eux-mêmes demandent cette messe, eux qui ne l'ont pas connue quand elle a été supprimée dans les faits quoiqu'elle ne l'ait jamais été supprimé en droit.
Journaliste : Père Philippe Laguérie, merci Beaucoup d'avoir été l'invité ce matin de RTL en direct. Je rappelle que vous êtes le prêtre traditionnaliste catholique de la Paroisse Saint-Eloi de Bordeaux.