4 juillet 2008

Rome prête à renier le Concile
4 juillet 2008 - Christian Terras - golias-editions.fr
Rome prête à renier le Concile Christian Terras
L’affaire est d’une gravite extrême. A Rome, le Pape et une partie de son entourage, sans oublier le silence complice des autres, se disposaient il y a encore quelques jours à accueillir les lefebvristes en leur donnant, qui plus est, un statut juridique très favorable (la seule réalité ecclésiale à en bénéficier pour le moment est l’Opus Dei) en l’occurrence un statut de prélature personnelle .

Le Vatican ne demandait aucune contre-partie sérieuse et conséquente aux intégristes sinon de ne pas s’en prendre à la personne même du Pape. Pour certains lefebvristes, cette initiative constituait une aubaine mais c’était sans compter sur la division au sein de la fraternité Saint Pie X. Mais le plus scandaleux, y compris du point de vue de la théologie, est le fait que Rome semble renoncer à exiger une quelconque adhésion des intégristes au Concile, ce qui est véritablement un reniement, car ces intégristes attaquent haut et fort et de manière radicale le Concile : mieux le rejettent et le vomissent.

Dans un passé encore récent, Rome exigeait pourtant toujours l’adhésion à Vatican II, au moins bien interprété, « selon la tradition » tenait à préciser à l’époque le cardinal Ratzinger. Le Concile n’était pas encore ouvertement remis en cause, mais soumis à la possibilité d’une lecture révisionniste, ce qui était déjà faire un pas dans la direction actuelle mais timidement.

Depuis l’élection de Benoît XVI en 2005, le processus d’occultation et d’abandon du Concile n’a fait que se confirmer et s’intensifier ; au fil des mois, il n’était même plus nécessaire de le cacher. Comme toujours, Joseph Ratzinger procède par petites touches : il critique d’abord une lecture idéologique du Concile, qu’il prend soin de distinguer du vrai Concile, de sa lettre. On se souvient également des polémiques lancées contre les historiens de l’école de Bologne par le cardinal Ruini et Mgr Marchetto. Dans un deuxième temps, c’est le Concile lui-même qui tombe aux oubliettes.