20 mai 2006

Notre missel quotidien et l’Ordinaire du lieu
Jean Madiran - 20 mai 2006 - www.present.fr - mis en ligne par le Forum Catholique
L’« Ordinaire du lieu », c’est l’évêque du diocèse. Individuellement ou collégialement, selon les époques et les circonstances, nos évêques de France, se succédant les uns aux autres comme par cooptation conforme, nous ont depuis quarante ans largement répété de toutes les manières et sur tous les tons : « Il n’est plus permis de célébrer la messe selon le rite de saint Pie V. »
« L’obéissance à l’Eglise interdit de célébrer la messe de saint Pie V dans quelque circonstance que ce soit. »
« Le rite de saint Pie V a été aboli par la constitution apostolique Missale romanum du 3 avril 1969. »
« Le Pape a prescrit que le nouveau missel doit remplacer l’ancien. »
Ce discours impérieux a commencé à s’atténuer à partir du 3 octobre 1984. Il est devenu moins absolu, plus nuancé, plus embarrassé aussi, à mesure qu’apparaissait mieux le fait (pourtant mis en lumière par l’abbé Raymond Dulac dès 1969-1970) que le missel romain de saint Pie V est un rite officiel de l’Eglise, hors d’atteinte de toute abolition.
Les promulgations pontificales de 1969 et 1970 ont bien existé, elles ont simplement pu installer un second rite romain officiel, coexistant avec le précédent, elles ne pouvaient faire valablement davantage et la situation, plus clairement aperçue désormais, est celle de la légalité canonique simultanée du rite traditionnel et du rite de Paul VI.
Dans cette situation le missel Jubilate Deo me paraît convenir surtout aux familles, aux écoles, aux jeunes gens curieux de ce rite traditionnel dont ils entendent parler dans leur diocèse d’une manière de moins en moins hostile et dont ils ignorent tout. Cette ignorance est excusable : quarante ans à ne fréquenter que l’inépuisable multiplicité des diverses messes issues du rite de Paul VI, cela n’arrange pas le sens liturgique, ni n’instruit beaucoup les baptisés et les catéchumènes. Ce Jubilate Deo, déjà présenté ici le 4 mai, est édité par l’Imprimerie Saint-Joseph, 11 rue Vaubecour, 69002 Lyon : c’est seulement à cette adresse que l’on peut en passer commande, fût-ce par téléphone : 04.78.42.45.85
Il existe en France trois autres missels traditionnels. Il y a celui des Editions Clovis, que je connais seulement par ouï-dire, il a une excellente réputation. Les Editions DFT (BP 28, 35370 Argentré du Plessis) ont édité en 2003 un « Missel vespéral très complet ». C’est celui que j’ai adopté pour l’avoir toujours sous la main au journal. Les divers imprimatur qu’il mentionne remontent à 1933 et (ou) ont été décernés hors de France. De son côté le « Missel quotidien » du Barroux est présenté avec autorité par le cardinal Ratzinger dans une lettre-préface du 18 juillet 1990, et il porte non moins honorablement l’imprimatur du cardinal Mayer délivré à Rome le 10 novembre de la même année. C’est une licentia edendi on ne peut plus somptueuse.
Mais la particularité du Jubilate Deo est que, seul jusqu’ici à notre connaissance, il porte un imprimatur récent accordé dans un diocèse français. Que cet imprimatur ait été personnellement signé par le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, en augmente, nous l’avons déjà souligné, la portée symbolique, historique, canonique et administrative.
Tout au long de ce que l’abbé Aulagnier a très justement appelé la bataille de la messe, nous nous sommes souvent heurtés à la direction collective de l’épiscopat français et même au sentiment individuel de la plupart de nos évêques. Nous avons attaqué non pas leur fonction légitime ni leur personne, mais les implications et conséquences du faux principe que plusieurs d’entre eux ont explicitement formulé au cours de ces quarante années : « Le monde change, la religion doit changer de même. »
Nous ne désirons pas que leur autorité soit contestée ou humiliée, mais au contraire restaurée dans sa vérité.
Que dans chaque diocèse ce soit l’Ordinaire du lieu qui devienne le principal promoteur du retour de la messe traditionnelle ; et qu’en cela du moins l’ordre soit rétabli dans l’Eglise.