28 janvier 2012

[Dominique Hérault - lanouvellerepublique.fr] Messe en latin : la rébellion encore vivace

SOURCE - Dominique Hérault - lanouvellerepublique.fr - 28 janvier 2012

Vingt ans après la mort de l’évêque Marcel Lefebvre, les traditionalistes thouarsais entretiennent le culte ancien. Entrevue avec l’abbé Dubroeucq.

Les traditionalistes catholiques de la Fraternité Saint-Pie X, tenants de la messe en latin, sont présents à Thouars. En petit comité, puisqu'il s'agit d'une antenne de Faye-d'Anjou (Maine-et-Loire). Sur le terrain, elle ne compte qu'un prêtre : l'abbé Louis-Paul Dubroeucq tient le rôle du missionnaire, se partageant entre Angers, Chemillé, Saumur, Thouars et Le Mans.
 
Combien de fidèles avez-vous à Thouars ?
« En moyenne, une soixantaine de personnes viennent assister à la messe selon le rite ancien, à la collégiale de Thouars, le dimanche matin. Nous avons aussi des cours de catéchisme le mercredi mais nous n'avons que quatre enfants, actuellement. »
Vingt ans après la mort de l'évêque d'Ecône, Marcel Lefebvre, vous êtes toujours en délicatesse avec l'église officielle, ce qui vous fait qualifier d'intégristes…
« Au sens originel, le terme intégriste n'est pas péjoratif : oui, nous sommes intègres dans notre foi. Nous n'admettons pas les dérives liées à la nouvelle messe de décembre 1969. Les fantaisies liturgiques : on voit aujourd'hui des choses ahurissantes : des prêtres en habits sacerdotaux autour d'une table jonchée de canettes de bière… Sur le plan de nos relations avec Rome, elles s'améliorent avec le pape Benoît XVI. »
Vous n'avez pas accepté l'ouverture de l'Église dans les années soixante-dix.
« Ce nouveau rite désacralise totalement la liturgie. Elle en diminue les gestes, et le respect dû à Dieu, oubliant même la présence et le sacrifice du Christ dans l'hostie. D'une dimension verticale, venant du haut, cette célébration est devenue horizontale. Nous préférons le latin qui est une langue sacrée et une protection contre tout changement ou improvisation. La manière de communiquer le message du Christ peut varier, mais pas le contenu, la tradition. »
La religion et la politique font rarement bon ménage. On vous reproche souvent le copinage avec l'extrême droite. Quelle position dans la perspective de la présidentielle ?
« On ne souhaite pas engager la Fraternité Saint-Pie X dans une étiquette politique. Parmi mes fidèles, j'ai eu un sacristain gaulliste, mais pas des gens de gauche. Nous sommes pour ceux qui défendent les valeurs chrétiennes. Notre principe, c'est le règne du Christ-roi : l'autorité politique vient de Dieu, pas du peuple. Et parfois, on ne trouve pas de politiques qui soient dans cet état d'esprit. »
A Thouars, vous êtes propriétaire de la collégiale du château. Comment vivez-vous financièrement?
« Les prêtres de la Fraternité ne perçoivent pas le denier de l'église. Nous vivons des dons, des legs et de la participation des fidèles. Nous venons d'acheter une maison*, et il faudrait entreprendre des travaux sur la façade de la collégiale… »
 * La Fraternité Saint-Pie X, qui était locataire d'un logement rue des Clairettes, près de Tyndo, vient d'acquérir une maison place Gustave-Barré, toujours à Thouars.

repères
L'abbé Louis-Paul Dubroeucq est âgé de 63 ans. Il est né dans la région parisienne. Il est entré dans les ordres après une scolarité chez les maristes et une licence de maths. Entré au séminaire le 9 octobre 1971 et ordonné prêtre par l'évêque, chef de file des intégristes, Marcel Lefebvre, le 29 juin 1976, à Ecône (Suisse).
 
Recueilli par Dominique Hérault