27 février 2009

[Le Figaro] L'étau se resserre autour de Mgr Williamson

SOURCE - Le Figaro - 27 février 2009

L'Allemagne pourrait émettre un mandat d'arrêt européen contre l'évêque lefebvriste et négationniste et le Vatican exige qu'il se rétracte.

L'affaire Williamson, qui ­ébranle l'Église catholique depuis le 21 janvier dernier, semble sur le point de connaître des développements judiciaires. Vendredi, la ministre allemande de la Justice, Brigitte Zypries, a en effet affirmé que «l'Allemagne pourrait émettre un mandat d'arrêt européen» contre l'évêque lefebvriste. Dans ce cas de figure, Berlin devrait s'appuyer sur de nouvelles dispositions européennes qui, adoptées en 2007, répriment par une peine de trois ans de prison les personnes reconnues coupables d'avoir nié la Shoah ou le génocide rwandais. «Je signale que dans la plupart des États européens, le négationnisme peut être poursuivi», a même averti Jacques Barrot, commissaire européen à la Justice.
 
Intervenant quarante-huit heures après l'arrivée de Richard Williamson sur le sol britannique, ce raidissement des autorités européennes fait suite à la diffusion, fin janvier, d'une interview télévisée dans laquelle l'évêque remet en question le nombre des victimes de la Shoah et nie que des juifs ont été tués dans les chambres à gaz. Devant le tollé international suscité par ses propos, Williamson a été contraint cette semaine de quitter l'Argentine. Jeudi, il a en outre écrit au Vatican pour «demander pardon devant Dieu à toutes les âmes qui se sont senties honnêtement scandalisées par ce qu'(il a) dit.» Sans renier le fond de ses propos, l'évêque ajoute dans le même courrier : «Si j'avais su avant tout le mal et les blessures que cela a provoqués, en particulier envers l'Église mais aussi envers les survivants et les proches des victimes de l'injustice du IIIe Reich, je ne l'aurais pas fait.»
«Antisémite convaincu»
Jugeant ces excuses insuffisantes, le Vatican a exigé vendredi qu'il se rétracte «de façon absolue et sans équivoque», avant d'être de nouveau admis au sein de l'Église. Le porte-parole Federico Lombardi a en effet souligné que la lettre de regrets de Richard Williamson «ne semble pas respecter les conditions» formulées le 4 février par le Vatican, selon lequel l'évêque «devra prendre de façon absolument sans équivoque et publique ses distances avec ses positions concernant la Shoah». En outre cette lettre, diffusée par l'agence de presse catholique Zenit, «n'est pas adressée au Saint-Père ni à la commission Ecclesia Dei», chargée par le Vatican de négocier avec les intégristes, a ajouté le père Lombardi.
 
De leur côté, des dirigeants des communautés juives d'Allemagne et d'Italie ainsi que des représentants d'associations catholiques ont estimé vendredi que les «regrets» de l'évêque intégriste ne changeaient rien à ses idées. «En omettant de retirer clairement ses mensonges outranciers, Williamson a une nouvelle fois montré qu'il est un antisémite convaincu et un négationniste incorrigible», a jugé dans un communiqué Charlotte Knobloch, présidente du conseil central des juifs d'Allemagne.
 
Richard Williamson est l'un des quatre prélats de la Fraternité Saint Pie X dont le Pape a levé l'excommunication le 21 janvier dernier. Depuis, le Vatican a assuré que Benoît XVI, très attaché aux relations avec le judaïsme, ignorait les positions de Williamson lorsqu'il a pris sa décision. Il doit effectuer en mai un voyage en Israël.