28 août 2008

Le summum de la langue de Buis ! - Archive 15 - Dialogue avec l'évêque de Nanterre, Mgr Gérard Daucourt le fondateur de " Paix Liturgique" (2004)
28 août 2008 - lettre 140 de paixliturgique.com
Le document que nous publions aujourd'hui est le dernier de la série de la publication de nos archives entreprise cet été. Comme les 14 autres documents qui les ont précédé, il est extrêmement instructif en ce qu'il démontre la permanence dans le temps, des méthodes mises en œuvre par l'épiscopat (dans le cas particulier par Monseigneur Gérard Daucourt) pour empêcher l'existence "normale" de la liturgie traditionnelle.
Ce document publié en 2004 est un "dialogue virtuel" avec Monseigneur Gérard Daucourt qui bien qu'ayant toujours refusé le dialogue avec les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, a cependant beaucoup parlé à leur sujet...
De cet entretien, on pourra notamment retenir la langue de buis de l'épiscopat qui se gonfle de belles déclarations d'intentions et de bons sentiments mais qui n'est pas capable de les mettre en pratique avec son prochain le plus proche...
Ce rappel - à travers la publication de ce document de 2004 - n'est pas vain à l'heure où des clercs particulièrement surprenants tentent de reporter leur responsabilité sur les fidèles traditionnels à qui ils reprochent de ne pas favoriser le dialogue et la collaboration.

Vérité ou langue de Buis?

Voici un document exceptionnel publié en 2004



TROISIEME LETTRE OUVERTE AUX CATHOLIQUE DE NANTERRE : DIALOGUE VIRTUEL AVEC NOTRE EVEQUE ( 2004)

Mgr Daucourt refusant depuis deux ans tout dialogue, toute discussion avec les fidèles de son diocèse à propos de la liturgie traditionnelle, c’est dans ses écrits et déclarations que nous sommes allées chercher la réponse à nos interrogations… Celles-ci sont d’ailleurs souvent citées dans l’ouvrage d’Anne-Sophie Andreu et Robert Masson Gérard Daucourt. Une vie d’évêque (Parole et Silence juin 2003), ce qui nous indique bien le caractère d’actualité de ses propos. Un curieux écho aux demandes du Saint-Père…


Monseigneur Daucourt, connaissez-vous la question des fidèles qui sont attachés à la liturgie traditionnelle ?

« Je prétends être l’évêque français qui connaît le plus parfaitement le problème des « traditionalistes », je sais à leur sujet des choses très graves et très dangereuses. » (déclaration publique à Notre-Dame de Pentecôte le 20 novembre 2003).

Notre réponse

Certains nous avaient reproché de ne pas avoir laissé suffisamment de temps à notre évêque pour nous répondre. Les propos de monseigneur Daucourt nous rassurent : il connaît parfaitement ce sujet, il n’a donc pas été pris à froid par la demande de rencontre que nous lui avons fait parvenir il y a près de deux ans et à laquelle il n’a toujours pas répondu ! Mais surtout cette conviction de notre évêque d’être « celui qui est le mieux informé sur nous » évitera qu’il nous confonde avec les sectes sur lesquelles il a décrit dans ses diverses interviews ; il saura distinguer en nous les représentants des centaines de milliers de catholiques français, respectueux du Saint-Père et de la Sainte Eglise qui ne veulent qu’une chose : bénéficier des mesures d’apaisement proposées généreusement par le pape et son Motu proprio.

Présentez-nous les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle et ceux qui les soutiennent ?

« Ils appartiennent quasiment tous aux couches aisées et cultivées de la société. Ils ont donc pu trouver et trouvent encore aujourd’hui des savants, des intellectuels, des moyens de toute sorte, y compris financiers, pour faire entendre leur voix. Des cardinaux de curie, en général à la retraite, leur ont apporté et leur apportent un soutien appuyé. » (La Croix du 25 août 1995)

Notre réponse

Les catholiques français d’aujourd’hui attachés à la liturgie traditionnelle sont majoritairement jeunes, souvent convertis de fraîche date après avoir découvert les richesses spirituelles de la liturgie traditionnelle dans des mouvements de jeunes ou lors de pèlerinages. Il est fâcheux que ceux qui veulent parler d’eux les méconnaissent à ce point. Par ailleurs seraient-ils tous aisés que ce ne serait ni un péché ni une raison valable pour les rejeter. Contrairement à ce qui est dit, cette liturgie est autant appréciée par des catholiques de tous les milieux et de toutes les origines ; ce n’est pas une liturgie d’intellectuels, ne serait-ce que par la richesse de ses symboles et ses signes. Ceux qui les aident par conviction ou par charité se retrouvent dans toutes les familles de l’Eglise, du Père Marie-Dominique Philippe, fondateur des frères de Saint-Jean à Monseigneur Thomas, ancien évêque de Versailles… Enfin, n’oublions pas que c’est le Pape lui-même, repris ensuite par ses cardinaux (en fonction, voir les entretiens avec le cardinal Castrillon Hoyos publié dans les pages précédentes de cette Lettre) et de très nombreux évêques, qui a demandé qu’une attitude bienveillante et généreuses soit adoptée à l’égard des traditionalistes.

Mais que veulent-ils ?

« Aujourd’hui je défends le concile Vatican II parce que je suis catholique. Nous n’avons pas le droit de prétexter des maladresses voire des erreurs pour revenir en arrière. Les histoires de rites, de latin, c’est de la poudre aux yeux. Le fond du problème, c’est que certaines personnes refusent les grandes orientations du concile. » (L’Aube du 21 octobre 1996) « Fondamentalement ils refusent le concile Vatican II. » (Radio Notre-Dame, le 20 janvier 2004)

Notre réponse

La plupart des catholiques d’aujourd’hui attachés à la liturgie traditionnelles sont étonnés de voir les plus âgés les juger à l’aune d’événements anciens comme le concile ou très anciens, comme les querelles de l’avant-guerre. Leur foi s’est développée dans l’esprit de l’Eglise d’aujourd’hui, autour de Jean Paul II, à la lecture de son enseignement et du catéchisme de l’Eglise qu’il publia en 1992. Ils se retrouvent tous dans la communion de JMJ et l’enthousiasme de la nouvelle évangélisation. Ici comme ailleurs un vrai dialogue serait non seulement utile mais nécessaire pur que s’apaisent les conflits des générations du passé. Mais peut-on nous dire en quoi l’attachement «à ces formes liturgiques, acceptées avec bienveillance par les plus hautes autorités de l’Eglise – le cardinal Lustiger, Monseigneur Ricard, Président de la conférence épiscopale, Monseigneur Aumônier, évêque de Versailles… – sont-ils contre Vatican II ? Le pape serait contre le concile ? Les évêques qui le suivent dans ses recommandations de bienveillance seraient contre le concile ? Le concile a-t-il interdit les anciennes formes liturgiques ? Parle-t-on du même concile ?

De nombreuses vocations s’orientent vers les communautés attachées à la liturgie traditionnelle ?

« Je ne veux pas de prêtres à n’importe quel prix !... Il nous faut des prêtres qui suivent et défendent le concile. Je suis triste de voir ces jeunes s’engager dans cette impasse. » (L’Aube du 21 octobre 1996)

Notre réponse

Nous qui aimons les prêtres qui nous aident à progresser dans notre vie spirituelle, nous sommes heureux de les voir croître et multiplier : aussi, Monseigneur, nous vous en conjurons : ne soyez pas triste mais heureux ! Ces prêtres ne se forment pas à n’importe quel prix mais selon les méthodes qui ont fait leurs preuves depuis plusieurs siècles et qui ont formé la plupart des évêques actuels… Si ces prêtres n’avaient pas leur place dans votre petit diocèse de Troyes, ils ont sûrement la leur dans le grand diocèse que vous dirigez aujourd’hui. Nous sommes certains que, si vous les appelez, ils viendront avec joie, ils vous l’ont déjà affirmé. Seraient-ils moins catholiques que les autres prêtres ? Comment est-il possible d’exclure ainsi des jeunes qui ont donné leur vie pour Jésus-Christ sous le regard de l’Eglise et avec son approbation ? En fin pourquoi qualifier « d’impasse » le choix de tous ces jeunes qui décident de vivre leur foi dans des communautés traditionnelles totalement reconnues et soutenues par le Saint Siège Cette opinion qui vous est très personnelle est elle conforme aux messages et actes du Saint-Père ? …

Les catholiques attachés à la messe traditionnelle peuvent-ils être utiles dans l’Eglise ?

« les attitudes des catholiques dits traditionalistes pourraient pourtant aider d’autres catholiques dans certaines formes très valables de prière ou de vie spirituelle. Mais je note plutôt des tensions ici ou là qui me semblent nuire à l’unité de l’Eglise et don à l’annonce de l’Evangile. » (L’Aube du 21 octobre 1996)

Notre réponse

Nous croyons que les tensions proviennent du rejet dont nous faisons l’objet ; en effet notre exclusion de la part de certaines autorités diocésaines nous empêche de concourir autant que nous le désirons au dynamisme de notre diocèse, de participer activement à la nécessaire nouvelle évangélisation, au développement des écoles, de l’enseignement du catéchisme de l’Eglise catholique, au renouveau du scoutisme… Tout cela est largement démonté dans les diocèses ou de telles communautés existent.

L’Eglise a-t-elle agi en faveur des « traditionalistes » ?

« Pour garder dans la communion de l’Eglise ceux qui étaient tentés de la quitter, le pape a créé une commission pontificale. De nombreuses concessions ont été faites à ceux qui ont choisi de rester. D’innombrables articles et livres ont été publiés pour les soutenir et aider à comprendre ce qu’il est convenu d’appeler « les traditionalistes ». (La Croix du 25 août 1995)

Notre réponse

Il faut le rappeler, les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle n’ont jamais envisagé de quitter l’Eglise unique du Christ ! Même si certains auraient été bien contents qu’ils le fassent, comme nous le prouvent encore tristement quelques prêtres ou fidèles âgés qui nous disent « retournez chez Mgr Lefebvre » lors de nos venues dans les paroisses. C’est pourquoi notre Saint-Père a toujours agi avec bienveillance pour éviter que des plaies trop vives ne rompent de par nos propres responsabilités la tunique du Christ. C’est ainsi que dès 1984 et surtout en 1988 le Pape, par la promulgation du Motu proprio, a permis aux fidèles attachés aux formes anciennes de la liturgie de vivre leur foi à ce rythme, en paix, dans l’Eglise… Malheureusement on ne peut pas dire que les grands médias catholiques officiels ont beaucoup soutenu ces gestes du Saint-Père… Et c’est d’ailleurs avec surprise que réagissent certaines paroissiens des Hauts-de-Seine quand nous leur apprenons que nous demandons quelque chose de parfaitement autorisé par l’Eglise : « on ne nous l’avait pas dit ! » Comment peut-on qualifier de « concession » l’accueil de milliers de familles qui ne demandent qu’à prier dans une liturgie reconnue par l’Eglise en communion avec leur évêque ?

Et quels sont les résultats de la politique bienveillante du pape en faveur des fidèles attachés à la messe traditionnelle ?

« Les résultats aujourd’hui ne sont pas probants et dans leur ensemble, les traditionalistes eux-mêmes ne sont pas encore contents de leur situation dans l’Eglise. » (la Croix du 25 août 1995)

Notre réponse

C’est bien exact, Monseigneur, les traditionalistes ne sont pas encore contents ! Et pourquoi le seraient-ils alors que le Saint-Père a souhaité une application « large et généreuse » des privilèges apaisant du Motu proprio et qu’ils constatent que, dans plus de quarante diocèses de France, et dans le vôtre en particulier, ils sont traités comme des parias que l’on ne veut même pas recevoir ? A qui l’on ne veut rien accorder, soit disant pur notre bien, mais sans même nous connaître, nous rencontrer ? Nous ne passons pas notre vie chrétienne à nous plaindre mais l’injustice pour nos familles et nos enfants est trop grande pour nous taire après toutes ces années.

Mais seriez-vous d’accord pour leur appliquer les privilèges proposés par le pape en leur faveur ?

« A chaque évêque de voir ce qu’il faut faire. Je ne peux pas le permettre dans mon diocèse. » (Radio Notre-Dame le 20 janvier 2004)

Notre réponse

Bien sûr, l’évêque est le patron dans son diocèse et il n’est pas obligé de suivre les recommandations du Saint-Père… Mais est-ce bien raisonnable ? Pour la paix ? Pour la justice ? Pour la réconciliation qui irréversiblement se mettra en œuvre demain, dans un an ou dans vingt ans ?

Mais vous ne pouvez-vous rien faire ?

« Qu’on me comprenne bien : il n’y aurait qu’un seul catholique à être tenté de quitter notre Eglise, nous devrions faire pour lui tout ce que la vérité de la Foi et de la communion ecclésiale permet de faire ». (La Croix du 25 août 1995)

Notre réponse

Et bien, Monseigneur, du courage ! Car même si il n’y a pas un seul catholique qui soit tenté de quitter l’Eglise – ils veulent tout au contraire y retrouver leur place légitime – beaucoup apprécieraient d’être traités comme des chrétiens à part entière et non comme des exclus ! Comment pourrions-nous comprendre les efforts légitimes déployés par l’Eglise en faveur de l’unité et le désintérêt patient qu’elle semble avoir concrètement à notre endroit : Il ne faudrait pas, nous l’espérons, devoir quitter l’Eglise pendant quelques siècles pour pouvoir un jour bénéficier des largesses de l’œcuménisme ? Ne comptez pas sur nous pour ce scénario : nous ne sommes catholique, unis et amis du Pape et nous le resterons.

Pourriez-vous nous donner un exemple du dialogue chrétien tel que vous le concevez à partir de vos expériences avec les autorités orthodoxes roumaines ?

« ce temps pris pour parler avec quelqu’un est important pour nos frères d’Orient ou du Sud. On prend l’avion, on rencontre un patriarche et on a parfois l’impression d’avoir simplement bu un verre de thé ensemble ! Mais ces contacts fraternels sont indispensables et ont été beaucoup trop négligés dans le passé. Je me réjouis vivement que ce soit donnée cette occasion, qui prouve que nous pouvons nous faire confiance. C’est ce que les catholiques ont à faire partout, non seulement en Roumanie mais chez nous en France. Entre confessions chrétiennes et entre diverses sensibilités catholiques… C’est le « dialogue de la charité » de Paul VI. Il doit précéder le dialogue théologique qui, sans ce préalable apprivoisement mutuel, ne peut débuter. » (Famille Chrétienne du 6 mai 1999)

Notre réponse

O combien, Monseigneur, nous sommes près de vous lorsque vous prononcez de telles paroles… Mais de grâce mettez-les en pratique vis-à-vis des fidèles de votre diocèse attachés à la liturgie de 1962, apprenez à les connaître, à les apprécier, à les aimer avant de prendre une position à leur endroit…. Les connaître, vous le savez, c’est votre devoir ; vous devez les rencontrer eux-mêmes et non discuter avec ceux de leurs relations chez qui vous pensez trouver des interlocuteurs plus en phase avec ce que vous désirez entendre et croire…

REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE


1/ C'est bien le refus catégorique de Monseigneur Gérard Daucourt de rencontrer les fidèles de son diocèse attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise qui a rendu nécessaire l'action de Paix Liturgique. C'en est même la seule raison. Tout le reste n'est que littérature.
En effet, comment comprendre et accepter qu'un père ne veuille pas parler à ses enfants et s'enferme dans une indifférence méprisante ? Comment comprendre et accepter qu'un pasteur refuse le dialogue ? Comment rester les bras croisés devant un tel scandale? D'autant plus que Monseigneur Daucourt aime se décrire comme un homme ouvert et respectueux des différences.
Face à l'incompréhensible et à l'inacceptable, nous n'avons eu d'autre possibilité que d'en appeler à nos frères chrétiens du diocèse. En ce sens, c'est bien Monseigneur Daucourt qui est le vrai fondateur de Paix Liturgique.

2/ Quatre ans après cette lettre, nous redisons que nous voulons voir notre évêque, partager le pain avec lui, simplement parler. Notre demande est claire, simple et légitime. Nous voulons parler directement avec notre évêque sans avoir à supporter les limites, la mauvaise foi, la langue de buis ou les provocations de ceux qui ont tenté jusque là de régler la situation à la place de l'évêque et qui ont lamentablement échoué.

3/ Souhaitons que de la prochaine venue du Pape en France puisse ressortir la fin de la langue de buis et de l'apartheid liturgique en France et particulièrement dans le diocèse de Nanterre tristement célèbre pour sa grande tradition d'exclusion. Souhaitons que de la prochaine venue du Pape en France puisse enfin s'installer la vraie paix dans nos paroisses.

4/ Nous nous adressons une nouvelle fois à Monseigneur Gérard Daucourt pour l'inviter à nous aimer comme nous sommes et non pas comme il souhaiterait que nous soyons. Nous nous adressons une nouvelle fois à Monseigneur Daucourt pour l'inviter à se comporter comme un père.
Rien ne se fait dans l'Eglise en dehors de l'évêque, c'est pourquoi, quoi qu'il en coûte et aussi long soit le chemin restant à parcourir, nous ne nous lasserons jamais de demander à notre évêque, à temps et à contre temps, de le rencontrer et de dialoguer avec lui.