12 septembre 2008

Génération Benoît XVI
12/09/2008 - Raphaël Stainville - lefigaro.fr
Ils sont jeunes, ils ont été récemment nommés évêques. Portrait de quelques-uns de ces relais de Benoît XVI en France.

Nombre de membres du corps épiscopal français ne font pas mystère de leur réserve vis-à-vis des orientations liturgiques qu'entend suivre le pape Benoît XVI, y opposant, sans que rien n'y paraisse, une forme de résistance passive. Gallicanisme oblige...
Pour autant, rien que dans la jeune génération, le pape peut compter sur le soutien d'hommes qui sont bien dans sa ligne. A commencer par certains évêques nommés par Jean-Paul II à la fin de son long pontificat, comme Mgr Philippe Barbarin à Lyon, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, en Avignon, Mgr Dominique Rey pour le diocèse de Fréjus-Toulon, et Mgr Guy de Kérimel, aujourd'hui évêque de Grenoble après avoir été auxiliaire à Nice. Ils ont en commun d'être issus de communautés nouvelles (l'Institut Notre-Dame-de-Vie pour Mgr Cattenoz, et l'Emmanuel pour Mgr Rey et Mgr de Kérimel), et de travailler à l'union de toutes les forces vives de l'Eglise, dans l'esprit des directives romaines.
Quoique le jeu des nominations à la tête des diocèses soit une mécanique complexe qui ne permet guère les grands changements, le pape a tenu à désigner, à l'occasion, des évêques qui lui ressemblent.
Mgr Raymond Centène est l'un d'eux. Le premier, pourrait-on dire. Sa nomination à l'évêché de Vannes est intervenue très exactement deux mois après l'élection de Benoît XVI. Comme un signal. Ne dédaignant pas porter la soutane, ne fermant pas sa porte aux traditionalistes, il n'hésite pas, au besoin, à célébrer la messe selon le rite ancien, dans l'esprit du Motu proprio pontifical.
La nomination à Quimper de Mgr Jean-Marie Le Vert, un ancien de la communauté Saint-Martin, répond aux mêmes impératifs : représenter la sensibilité traditionnelle dans l'Eglise de France, et installer des prêtres qui puissent être des passerelles entre des milieux qui s'ignorent. La désignation, en juin dernier, de Mgr Nicolas Brouwet, ancien curé de Saint-Pierre de Neuilly, désormais évêque auxiliaire de Nanterre, en est l'un des exemples les plus marquants, lui qui avait confié n'avoir jamais pensé célébrer un jour la messe ancienne, avant que l'évêque de Nanterre, Mgr Gérard Daucourt, ne lui en fasse la demande en 2005. Il avait alors accepté cette mission « dans une obéissance paisible », avant de reconnaître la richesse de l'expérience. Il n'est pas pour autant devenu un « tradi ». Juste un pasteur au service de tous.
Même son de cloche pour Mgr Eric de Moulin-Beaufort, nouvel évêque auxiliaire de Paris. Ancien secrétaire particulier de Mgr André Vingt-Trois, brillant intellectuel passé par Sciences-Po et le séminaire de Rome, il fait partie de cette génération décomplexée qui sait que l'Eglise a besoin de toutes ses forces.