11 mars 2009

Affaire Williamson: le pape s'explique dans une lettre aux évêques
11 mars 2009 - AFP - france24.com
CITE DU VATICAN, 11 mars 2009 (AFP) - Benoît XVI s'est expliqué dans une lettre aux évêques sur sa décision de lever l'excommunication des prélats intégristes dont un négationniste, a annoncé le Vatican mercredi, précisant que cette lettre serait rendue publique jeudi.

Selon des extraits publiés mercredi par un vaticaniste italien qui affirme en avoir eu connaissance, le pape confie avoir été blessé par les vives réactions suscitées par cette mesure.

Le Vatican, après avoir dans un premier temps refusé de confirmer l'existence de la lettre, a annoncé qu'elle serait publiée jeudi à 12H00 (11H00 GMT).

Les extraits publiés par le vaticaniste Andrea Tornielli sur son blog "sacri palazzi" montrent un pape blessé par la "véhémence" de la polémique qu'a provoquée la levée controversée de l'excommunication des quatre évêques lefebvristes tandis que, selon le Vatican, Benoît XVI ignorait les déclarations négationnistes de l'évêque Richard Williamson.

L'affaire "a suscité à l'intérieur et hors de l'Eglise catholique une discussion d'une véhémence que l'on n'avait pas connue depuis longtemps", aurait reconnu le pape.

"J'ai été attristé par le fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir comment sont les choses, ont pensé devoir me frapper avec une hostilité prête à l'attaque", aurait-il écrit.

Il remercie en revanche ses "amis juifs" qui ont contribué à lever le "malentendu" et à "rétablir une atmosphère d'amitié et de confiance".

Toujours selon les extraits publiés, Benoît XVI reconnaît cependant que "la portée et les limites" de sa décision n'ont pas "été expliquées de façon suffisamment claire au moment de sa publication".

Le pape dit avoir agi "en ayant à coeur l'unité des croyants", et pour éviter que les intégristes, forts de "491 prêtres, 215 séminaristes, 117 religieux, 164 religieuses et de milliers de fidèles", s'en aillent "à la dérive loin de l'Eglise".

Il se livre par ailleurs à une réflexion sur le rôle de bouc-émissaire qu'auraient, selon lui, joué les intégristes dans cette affaire, et qui aurait rejailli sur lui.

"On a parfois l'impression que notre société a besoin au moins d'un groupe envers lequel on n'accorde aucune tolérance, contre lequel on peut tranquillement se jeter avec haine. Et si quelqu'un ose s'en approcher - dans ce cas le pape -, il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi, sans peur et sans réserve, être traité avec haine", écrit Benoît XVI.

Concernant le concile Vatican II (reconnaissance de la liberté de conscience, dialogue avec le judaïsme, ouverture à la société) refusé par les intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), Benoît XVI leur demande d'accepter ses enseignements.

Mais à l'adresse de l'aile progressiste de l'Eglise qui interprète ce concile comme une rupture par rapport à un passé contesté, il souligne aussi que "l'on ne peut couper les racines sur lesquelles l'arbre vit".