4 janvier 2012

[Abbé Laguérie - IBP] Drôles de voeux

SOURCE - Abbé Laguérie - IBP - 4 janvier 2012

Au-delà d’une tradition protocolaire et passablement « urbaine », l’on peut, et il faut sans doute, renouer avec le vrai sens des vœux. Au moins y évitera-t-on la banalité et même le risque d’une mondanité de plus…

Un vœu (votum : détermination ou objet du vouloir) ne saurait se résumer à quelque souhait, fût-il pieux. Il connote de lui-même sa dimension théologique et verticale. C’est un désir, scellé par Dieu, pris comme témoin, et devant Lequel on s’engage à mettre en œuvre, de toutes ses forces, le bien proposé à réaliser comme un culte.

C’est donc très exactement le contraire d’une promesse électorale qui n’engage que ceux qui l’écoutent, ont encore la naïveté d’y croire et s’apprêtent à revoter pour des brigands. Le vœu, du nouvel an ou autre, engage bien davantage celui qui l’émet que son destinataire. C’est d’ailleurs pourquoi, sauf quelque manifestation furtive d’amitié, à peu près tout le monde s’en fiche. Moi le premier, qui ai simplement l’honnêteté de vous le dire.

Après cela, que vous prescrire ? De prendre vos résolutions pour vous-même, comme je m’efforce de les prendre pour moi-même, et de ne pas me dicter les vôtres comme je me refuse de vous imposer les miennes. Ni vous ni moi n’avons le pouvoir de régler le cours de la Providence et c’est à peine si notre empire dépasse le cadre de nos passions momentanées. En vérité, il est bien en deçà, si l’on en croit saint Thomas, qui ne nous connait sur elles qu’un pouvoir diplomatique. 

Il ne nous reste, à bien y regarder, que le pouvoir de la prière. Pour que, justement, nos vœux ne soient pas pieux. Je ne vais pas vous l’imposer, comme mes vœux 2012, parce que vous y êtes tenus par bien plus éloquent que moi. L’abbé de…qui passait, au XVIIème, pour un prédicateur des plus médiocres, avait cependant envisagé de se faire peindre en chaire. Le portrait fut réussi à tel point qu’on en disait : « Il ne lui manque que la parole » !
 
Mes vœux sont ma prière, donc. Rien n’est de moi ; suivez seulement mon regard.

Pour le pape : que Dieu le conserve, le vivifie, qu’Il le rende heureux en terre et qu’Il ne le livre pas aux mains de ses ennemis ! 

Pour les évêques : qu’ils se tiennent droits et paissent le troupeau, Seigneur, dans votre force et la sublimité de Votre Nom !

Pour les prêtres : qu’ils s’habillent de la justice et vos saints tressailliront !

Pour le Président : que Dieu lui accorde le salut et nous exauce au jour où nous l’invoquerons !

Pour le peuple : que Dieu le sauve et bénisse son héritage. Que Dieu les gouverne (Roi et peuple) et les mène jusqu’en l’éternité.

Pour les familles (naturelles et religieuses) : Dieu s’en souvienne, Lui qui les a possédées depuis le commencement. Y règne la paix, dans sa puissance, et la prospérité dans leurs murailles !

Pour nos bienfaiteurs : que Dieu leur rende tout le bien qu’ils nous font, à cause de son Nom, par la vie éternelle !

Pour les fidèles défunts : Dieu leur donne le repos éternel et que brille sur eux la lumière sans fin ! Qu’ils reposent en paix !

Pour nos frères absents : mon Dieu, sauvez ces serviteurs qui espèrent en vous !

Pour les prisonniers et les captifs : délivrez-les, Dieu d’Israël de toutes leurs épreuves. Envoyez leur de l’aide de votre sanctuaire et de Sion fortifiez-les !

Pour nous, enfin : convertissez-nous, Dieu des puissances, montrez-nous votre visage et nous serons sauvés ! Levez-vous, Christ, aidez-nous ! Libérez-nous à cause de votre Nom !