15 décembre 2010

[Lettre à nos frères Prêtres / FSSPX] Ce que nous ne disons pas sur Vatican II : Que le Concile était illégitime dès le départ et vicié en tout

SOURCE - Lettre à nos frères Prêtres (Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France) - Mise en ligne par "La Porte Latine" - décembre 2010

De même que nous n’avons jamais dit que Vatican II est la cause unique et exclusive de la crise, de même nous n’avons jamais affirmé que le Concile était illégitime dès le départ, ou qu’à son terme il était entièrement vicié et inacceptable. Bref, nous n’avons jamais soutenu que Vatican II se serait trompé en tous points. C’est faux, et même ridicule, puisqu’en de nombreux textes, par exemple, ce concile a simplement rappelé la doctrine déjà infailliblement enseignée par l’Église.
Le coup de force du 13 octobre 1962
Vatican II a été un concile de l’Église catholique régulièrement convoqué, qui a regroupé les évêques du monde entier sous l’autorité du Souverain Pontife. Jamais Mgr Lefebvre n’a remis en cause a priori ce concile : au contraire, il a été membre de la Commission centrale préparatoire.
Certes, Mgr Lefebvre a toujours pointé du doigt le « coup de force » du cardinal Liénart du 13 octobre 1962, qui a entraîné la mise au rebut de presque tous les schémas préparés, au profit des thèses de la « nouvelle théologie » et du catholicisme libéral soutenues par l’Alliance européenne.
Pourtant, aucun concile dans l’histoire n’avait bénéficié d’une préparation « aussi vaste, menée avec une telle diligence, et aussi profonde » comme on l’a justement dit à l’époque, et Jean XXIII, qui avait suivi ces travaux, a témoigné que ceux-ci avaient été exécutés « avec précision et soin ».
Mgr Lefebvre a estimé que ce coup de force et ses conséquences avaient été un désastre pour l’orientation du Concile, sa fiabilité doctrinale, son esprit. Cette situation a entraîné que les défenseurs de la Tradition se sont trouvés dans une situation inextricable, face à des textes imprégnés d’un esprit nouveau, peu en harmonie avec la doctrine traditionnelle, esprit nouveau qu’il était très difficile, voire impossible, de changer ou de faire disparaître à coup d’amendements.
L’influence des groupes de pression
Par ailleurs, lorsqu’il a parlé de Vatican II, Mgr Lefebvre a souligné le rôle très important des « groupes de pression » divers, parmi lesquels il citait en particulier les médias. Vatican II a été, sans doute, le premier concile de l’histoire à se dérouler sous l’oeil de journaux très puissants, qui impressionnaient les Pères conciliaires, faisaient campagne pour telle thèse, orientaient les votes.
De la même façon, Mgr Lefebvre a noté que certaines conférences épiscopales (celles des bords du Rhin, à l’orientation nettement progressiste), organisées bien avant le Concile, bénéficiaient de moyens humains et financiers considérables (à la fin de la troisième session, une de leurs officines, l’IDOC, se vantait d’avoir distribué aux Pères plus de quatre millions de feuilles).
Enfin, Mgr Lefebvre a déploré l’influence d’autres groupes de pression extrêmement actifs sur certains sujets : la franc-maçonnerie pour la liberté religieuse ; les protestants pour l’oecuménisme ; les organisations israélites pour les relations avec le judaïsme ; l’Union Soviétique pour la noncondamnation du communisme, etc.
Une critique sur la base de textes précis
Cependant, jamais Mgr Lefebvre n’a condamné en bloc Vatican II comme un concile intrinsèquement illégitime. Même s’il a souvent rappelé les faits regrettables voire scandaleux qui ont entaché son déroulement, il connaissait trop bien l’histoire de l’Église pour ne pas savoir que d’autres conciles, dans le passé, avaient connu eux aussi de graves vicissitudes humaines. Comme le disait dom Guéranger : « On oublie trop que l’histoire ecclésiastique est belle en perspective, mais que les détails vus de trop près ne sont pas toujours attrayants ». Lors donc qu’il a critiqué, voire « accusé » le Concile, Mgr Lefebvre ne l’a pas fait pour une illégitimité de principe, a priori, mais sur la base de textes précis, en opposition claire avec la Tradition et l’enseignement constant de l’Église.