28 août 2010

[Paix Liturgique] Le Brésil pour la "Paix Liturgique"

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 245 - 28 août 2010

À la fin de la réunion fut rédigée une Lettre au Saint Père pour exprimer notre amour filial au Pontife romain, notre désir de participation à la “Paix liturgique”, notre pleine communion avec l'Église et demander Sa Bénédiction apostolique pour notre ministère et l'apostolat que nous accomplissons avec les groupes liés à la tradition. Signer cette lettre fut comme marquer l'histoire... je crois en effet que l'avenir révèlera l'importance de cette simple rencontre au Nord-Est du Brésil.”

C'est une bonne nouvelle que M. l'abbé Barbosa, jeune vicaire de la paroisse Sainte Rita de Sorocaba au Brésil, nous donne sur son blog : l'engagement de trois évêques brésiliens et d'une vingtaine de prêtres du pays pour la “Paix liturgique”. Dans ce grand pays catholique où la Foi, précédemment ébranlée par la Théologie de la Libération, est aujourd'hui confrontée aux ravages des sectes évangélistes, cet évènement n'est sans doute qu'une goutte d'eau, mais une goutte d'eau bénite que nous ne saurions mépriser. 

I – LE CONTEXTE

Du 17 au 19 juin derniers, le diocèse de Garanhuns au Brésil accueillait la première réunion sacerdotale organisée dans le pays autour du Motu Proprio Summorum Pontificum. Coprésidée par l'Administration apostolique Saint-Jean Marie Vianney, cette rencontre a rassemblé une trentaine d'ecclésiastiques dont 21 prêtres.

En ouverture de ces journées, Mgr Guimarães, évêque de Garanhuns, a lu au cours de la messe chantée qu'il a célébrée selon la forme extraordinaire du rite romain une lettre adressée aux participants par le cardinal Levada, Président de la Commission Ecclesia Dei.

Dans cette lettre, datée du 10 avril, le cardinal exprimait son : “appréciation pour cette initiative” et formulait des vœux “pour que cette entreprise soit un succès”, afin de promouvoir l’application du Motu Proprio selon les intentions du Saint Père, et “suscite une action pastorale de plus en plus adaptée aux besoins des fidèles, pour qu’on puisse aboutir, au moment opportun, à un enrichissement réciproque et légitime des deux formes du Rite Romain”.

Au cours de ces journées, rythmées par la célébration de la forme extraordinaire de la messe, les participants ont pu approfondir leur connaissance canonique, historique et théologique de la liturgie ancienne mais aussi participer à des travaux pratiques encadrés par des prêtres de l'Administration apostolique. Mgr Guimarães lui-même a prononcé une conférence sur les conséquences canoniques du Motu Proprio Summorum Pontificum tandis que Mgr Rifan, Administrateur apostolique, présentait son nouveau livre “Considérations sur les formes de la Sainte Messe de Rite romain”.

Avant de se conclure par la signature de la lettre au Saint Père, cette rencontre fut marquée par la naissance du "Coetus Sacerdotalis Summorum Pontificum" (Groupe sacerdotal Summorum Pontificum) destiné à maintenir le lien entre les participants. 

II – LE DOCUMENT

Lettre adressée au Saint Père par les participants de la rencontre sacerdotale sur "Le Motu Proprio Summorum Pontificum, un grand don spirituel et liturgique pour toute l'Église" organisée à Garanhuns (Brésil) du 17 au 19 juin 2010 

À Sa Sainteté le Pape Benoît XVI

Très Saint Père,

Participant à la rencontre sacerdotale sur "Le Motu Proprio Summorum Pontificum, un grand don spirituel et liturgique pour toute l'Église" ayant pris place à Garanhuns au Brésil les 17, 18 et 19 juin 2010 - sous le patronage du diocèse de Garanhuns et de l'Administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney, et avec l'appui et les encouragements de la Commission pontificale Ecclesai Dei, exprimés dans une lettre de Son Éminence le Cardinal Levada - nous voulons, à la fin de notre réunion et encore sous l'effet de la grâce de l'Année sacerdotale, exprimer notre profonde gratitude pour le ministère de Votre Sainteté, notre sincère solidarité, notre union et notre pleine communion, ainsi que notre fidèle désir de collaborer avec le successeur de Pierre et Vicaire de Jésus-Christ pour l'application de la lettre apostolique Summorum Pontificum en employant tous nos efforts à la construction de la "Paix liturgique" tant désirée par Votre Sainteté.

Notre réunion, préalablement annoncée à la Conférence épiscopale brésilienne et à la Nonciature apostolique, a eu lieu dans le plus authentique esprit de communion ecclésial : venus de tout le pays, les prêtres y participant l'ont tous fait avec la permission de leur évêque ou de leur supérieur.

C'est dans cet esprit de communion et de collaboration avec l'Église du Brésil et du monde entier que nous implorons humblement de Votre Sainteté Sa Bénédiction apostolique pour nos personnes et nos ministères.

Garanhuns, 19 juin 2010

+ Fernando Guimarães, Évêque diocésain de Garanhuns
+ Fernando Areas Rifan, Administrateur apostolique, Campos
+ Adalberto Paulo da Silva OFMCap, Évêque Auxiliaire émérite de Fortaleza
(suivent les signatures d'une vingtaine de prêtres et séminaristes)
 

III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

a) Mgr Guimarães, ancien officiel de la Congrégation pour le Clergé, a longtemps collaboré avec le cardinal Castrillón avec lequel il a été l’artisan du règlement de l’affaire de Campos.
Mgr Guimarães a été nommé évêque par Benoît XVI en 2008 et inscrit sans complexe son action dans la perspective de “réforme de la réforme” tracée par le Saint Père. Il est le premier évêque brésilien à s'impliquer directement dans la diffusion de la forme extraordinaire de la messe. Son excellente connaissance du monde traditionnel et des questions concrètes concernant la liturgie traditionnelle fait qu’il est très écouté par le Saint Père, qui l’a longuement reçu lors de son dernier passage à Rome.

b) Peu connue en Europe, l'Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney, gouvernée par Mgr Rifan (qui a rang d'évêque), est issue du diocèse de Campos dont Mgr de Castro Mayer, co-consacrateur avec Mgr Lefebvre des 4 évêques de la FSSPX en 1988, a été le courageux évêque de 1949 à 1981. Les évêques consacrés par Mgr Lefebvre ont eux-mêmes consacré un évêque pour remplacer Mgr de Castro Mayer à la tête de la communauté de prêtres traditionalistes de Campos, Mgr Rangel, dont le Père Rifan était le premier collaborateur. La communauté traditionnelle de Campos a été régularisée par le Saint-Siège en 2002, sous forme de l’érection d’une Administration apostolique, l'Union Saint Jean-Marie Vianney qui compte une trentaine de prêtres, une centaine de lieux de messe, 24 écoles et près de 30 000 fidèles. Mgr Rifan a été ensuite consacré évêque pour devenir le coadjuteur de Mgr Rangel, puis son successeur à son décès. La communauté a ordonné deux nouveaux prêtres en 2009.
On remarquera que l’appellation de « Coetus Sacerdotalis Summorum Pontificum » est un clin d’œil historique qui évoque le « Coetus internatio­nalis Patrum » (Groupe international de Pères), devenu bientôt le « Coetus episcopalis Patrum » (Groupe épiscopal de Pères), fondé durant le dernier Concile pour mieux faire entendre la voix de la minorité, par Mgr de Proença Sigaud, archevêque de Diamantina, au Brésil, Mgr Carli, évêque de Segni, en Italie, Mgr Dino Staffa, secrétaire de la Congrégation des Séminaires, et bien d’autres encore dont Mgr Marcel Lefebvre et Mgr de Castro Mayer.

c) Ces journées de Garanhuns et la naissance du groupe sacerdotal constituent un petit pas certes, mais très symbolique pour un pays où, jusqu'ici, les prêtres attachés à la liturgie traditionnelle étaient marginalisés. Le nombre de participants aurait pu être facilement plus élevé si, en gage d'“authentique esprit de communion ecclésial”, les organisateurs n'avaient d'ailleurs pas insisté pour que tous les ecclésiastiques souhaitant s'inscrire obtiennent préalablement de leur évêque ou de leur supérieur la permission de se rendre à Garanhuns.
Une condition hélas difficile à satisfaire pour beaucoup mais qui a permis à cette rencontre de se dérouler dans la sérénité. À l'image de l'abbé Barbosa sur son blog, les présents en sont en tout cas revenus enchantés et plus motivés que jamais.

d) La reprise, sur un autre continent et qui plus est par des clercs, de l'appel à la "Paix liturgique" est bien sûr une satisfaction pour nous, mais surtout un encouragement à poursuivre notre travail d'information et de réflexion afin que peu à peu, dans toutes les paroisses de tous les diocèses des cinq continents, le rite romain soit proposé dans la richesse et la complémentarité de ses deux formes sans que cela ne suscite de controverses idéologiques.