7 mai 2010

[lavie.fr] Traditionalisme - Les catholiques de Gironde s’expriment sur "Les Infiltrés"

SOURCE - lavie.fr - 7 mai 2010

Après la diffusion de l'émission polémique Les Infiltrés, qui met en cause l'Institut du Bon Pasteur à Bordeaux, les laïcs se sont mobilisés et ont écrit à l'archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard. La Conférence des Baptisé-e-s de France en Gironde a également communiqué, et lancé une pétition : "Je soutiens Mgr Ricard dans son action de vigilance envers l’Institut du Bon Pasteur". Voici le contenu de ces appels.

Lundi 3 mai, un courrier signé par 75 laïcs a été remis à l’évêque :

Bordeaux, le 3 mai 2010.

Père,
Mardi 27 avril 2010, France 2, chaîne nationale publique de télévision, divulguait une émission des Infiltrés, séquences prises à caméra cachée dans les milieux de l’extrême droite catholique de Bordeaux.
Filmer et enregistrer à l’insu des intéressés pose un problème déontologique. Cependant les images rapportées ne peuvent être laissées sans réaction au prétexte que le procédé d’obtention n’est pas loyal ! Le groupe Dies Irae est très minoritaire, ses actions étaient déjà connues de beaucoup ; l’école Saint-Projet ne concerne que quelques familles.

Cependant des enseignants de l’école publique, des jeunes chrétiens peu pratiquants, scandalisés, font l’amalgame entre l’Eglise et ces groupes extrémistes. Un simple communiqué de presse est insuffisant pour éteindre cet incendie !
Les jeunes de Dies Irae prônent violence et racisme. Leur camp d’entraînement existe… Ils justifient leur choix par leur "combat pour Dieu"... L’école Saint Projet, hors contrat, ne respecte pas la conscience des enfants qui lui sont confiés.

Les responsables de l’Eglise Saint Eloi sont complices de ces provocations haineuses, en mettant des locaux à disposition des jeunes, en participant à leurs activités. Ils engagent l’Eglise Catholique en assumant une responsabilité institutionnelle comme administrateurs et aumôniers de l’école Saint Projet.

Malgré le communiqué de l’archevêché, publié le jeudi 29 avril dans le quotidien Sud-Ouest, nous redoutons que l’Eglise dont vous êtes le pasteur, ne se contente de cette déclaration publique. Ces actions répréhensibles tant pour la loi que pour la Tradition de l’Eglise doivent être fermement et clairement sanctionnées par l’Eglise locale, pour ne pas faire de l’Eglise diocésaine, à son tour, la complice d’incitation à la haine.

Nous vous demandons de ne laisser planer aucun doute sur la position de l’Eglise et son refus absolu de l’usage de la violence. Nous ne vous demandons pas d’exclure de l’Eglise un groupe de catholiques, fussent-ils de sensibilité intégriste et d’extrême droite, mais de condamner avec la plus grande fermeté les positions qu’ils prennent contre les juifs, les noirs, les musulmans et les femmes… Et d’en tirer les conséquences. Comme pasteur de l’Eglise de Gironde, pouvez-vous confier une partie de votre troupeau à des bergers racistes et incitant à la violence ?

Nous entendons parler d’un projet de procession du Saint-Sacrement organisé le 6 juin dans les rues de Bordeaux par la fraternité Saint Pierre, les prêtres des paroisses du Christ Rédempteur et Saint Eloi ; nous vous demandons de ne pas vous laisser piéger par leur invitation : votre participation, après cette émission, ne pourrait qu’être interprétée comme la preuve de votre plein soutien à leurs choix politiques et liturgiques.

Depuis l’affaire Williamson en 2009, la commission Ecclesia Dei, à l’origine de l’Institut du bon Pasteur, n’a plus d’existence propre, le cardinal Castrillon Hoyos ne la préside donc plus. En Septembre 2011, les cinq années qu’il avait prévues avant d’évaluer l’Institut, arriveront à leur terme. En 2012, la convention passée entre l’Institut et le diocèse aura, elle aussi, cinq ans. Nous vous demandons instamment de préparer d’ores et déjà ces évaluations. Vous aviez décidé de créer une commission dans le diocèse, ses travaux sont-ils consultables par les catholiques de Gironde ? Votre avis sera sollicité à Rome, quelle est la bonne nouvelle annoncée par un Institut qui incite au racisme ?

Nous considérons que l’Eglise souffre suffisamment aujourd’hui des silences qu’elle a gardés sur les affaires de pédophilie. Ces silences reviennent sur le devant de la scène médiatique comme des boomerangs. Le cardinal Castrillon Hoyos, aujourd’hui encore, malgré les déclarations du Pape, préfère la dissimulation pour régler ces situations. Pas plus que pour les cas de pédophilie, nous n’acceptons le choix du silence pour les appels au racisme et à l’antisémitisme. Nous voulons éviter que, dans un avenir proche ou plus éloigné, nous, catholiques de Gironde et vous, successeurs des apôtres, nous regrettions un manque de cohérence entre nos discours et nos actes. Nous refusons que les générations qui nous suivent, nous reprochent, un jour, un silence coupable.

En espérant que notre demande trouvera un écho auprès du conseil presbytéral que vous réunissez ce mardi 4 mai, nous vous assurons de notre respect et de notre attachement à l’Eglise.

Premiers signataires : Catherine Boutin, Marie-France Clanché, Pierre Clanché, Elsa Desmettre, Jean-Pierre Desmettre, Françoise Desmon, Anne-Marie Ducom, Pierre-Jean Dupouy, Madame Eveillard, Monsieur Eveillard, Catherine Garrigou-Lagrange, Jean Michel Guillard, Annick Guillou, Xavier Jahan, Nancy Landèche, Jean-Bernard Landèche, Andrée Larre, Pierre Opsomer de Prayssas, Mijo Opsomer de Prayssas, Véronique de Poncheville, Marie-Henriette Prignot, Laure Roca, Pierre-Jean Roca, Christine Taussat, Yves Taussat. Jean Mandouze, Pascal Pilet.

Mercredi 5 mai, la Conférence Catholique des Baptisé-e-s de France en Gironde, de son côté, a lancé une opération de soutien à Mgr Ricard par mail, et publié un communiqué qui part du même constat des faits, et ajoute :

(...)  Tous ces faits sont de nature à altérer profondément le dialogue de l’Eglise Catholique avec tous les citoyens attachés à la démocratie, avec les chrétiens d’autres confessions, les Juifs et les Musulmans.

Les plus anciens textes de la Bible, transmis par le peuple juif, nous apprennent le commandement essentiel : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même". La vie et le message de Jésus se résument à ce commandement, à cette dynamique d’amour universel.

Nous jugeons de notre devoir de signifier sans ambigüité que pour nous, baptisé-e-s dans l’Eglise catholique, les incitations à la haine des groupuscules extrémistes n’ont aucun rapport avec l’Evangile.

Nous savons que l’engagement politique est une des formes de l’exercice de l’amour et de la justice, et que tout baptisé qui accepte ainsi de participer à la recherche du bien commun, est toujours interpellé par l’Evangile. Nous refusons donc que l’Eglise, encore aujourd’hui, serve de caution à quelque parti que ce soit.

Il nous est dur de voir que tant de haine et de violence se réclament du nom de Dieu. L’amalgame qui est fait entre de tels groupuscules et l’ensemble des croyants nous blesse profondément.

Ayant déjà souffert des silences de l’Eglise, dans d’autres situations, nous refusons que les générations qui nous suivent nous reprochent, un jour, des silences coupables.

Nous sommes indéfectiblement attachés à la démocratie, aux valeurs citoyennes, respect de l’autre, respect des lois, au pluralisme d’opinion et à la liberté. Nous voulons nous mobiliser afin que ces valeurs soient mises au premier rang dans l’éducation et dans le vivre ensemble. Avec tous, hommes et femmes de bonne volonté, nous voulons relever ce défi, au quotidien.La Conférence Catholique des Baptisé-e-s de France en Gironde, et des sympathisants

Contact : ccbf33@baptises.fr – site national : www.conferencedesbaptisesdefrance.fr

Vous pouvez apporter votre soutien en envoyant un e-mail : petition.bordeaux@baptises.fr
"Je soutiens Mgr Ricard dans son action de vigilance envers l’Institut du Bon Pasteur"