17 avril 2010

[DICI] Trois questions à… Jean Monneret

SOURCE - DICI - 17 avril 2010
A l’occasion des fêtes pascales où de nombreux adultes reçoivent le baptême, DICI a rencontré Jean Monneret. Cet historien français de 70 ans, spécialiste de l’Algérie, est un fidèle paroissien de l’église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris. « Revenu à la foi » dans les années 80, il a souhaité donner la parole, dans un recueil de 128 pages, à douze convertis : professeur de philosophie, secrétaire, psychologue, femme au foyer… Ces personnes de conditions différentes, de pays divers et, à l’origine, de religions ou d’idéologies variées, ont la particularité d’avoir trouvé la foi catholique à Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Comment a germé l’idée de ce recueil de témoignages ?

J’avais été frappé de constater que, parmi les fidèles de Saint-Nicolas, il y avait des gens qui étaient issus de la Tradition, qui appartenaient à des familles qui avaient répondu à l’appel de Mgr Lefebvre dans les années 70. Ces familles fournissent le gros bataillon des fidèles et une grande partie des prêtres de la Tradition. Mais à côté de ces personnes, je me suis rendu compte qu’il en existait d’autres issues de différents horizons, à l’origine très éloignées du catholicisme. En discutant avec certains, j’ai bien compris que ce n’était pas de simples retours à la foi, ce qui était mon cas par exemple. Non, c’était de véritables conversions, au sens fort du terme. Des marxistes, des anarchistes, des musulmans… Des gens qui a priori étaient très éloignés du milieu qui est le nôtre.

Comment se passe une conversion ? Y a-t-il une trajectoire commune à chacune d’entre elles ?

Dans ces périples – j’utilise le terme à dessein car certains sont vraiment venus de très loin –, les convertis passent souvent par ce que nous appelons « l’Eglise conciliaire ». C’est-à-dire que ces personnes, ayant senti l’appel du Christ, ayant senti la foi naître, se sont tout naturellement dirigées vers l’église de leur quartier ou du lieu où elles travaillent. Et il y a eu alors souvent une immense déception. Elles se rendent compte que l’Eglise « officielle » ne remplit pas sa fonction, ne joue plus son rôle qui consiste à repêcher les âmes, à les sauver. Et donc, c’est à partir de là que certaines ont dépassé cette déception en allant jusqu’à la Tradition, et elles y ont trouvé cette eau vive, cette affirmation de la foi qui les a confortées dans leur démarche et qui les a rapprochées du Christ qu’elles cherchaient. Une musulmane convertie le dit ainsi dans l’ouvrage : ayant eu la force de quitter l’islam, comment aurait-elle pu se contenter d’une vision édulcorée du christianisme ? Seul le catholicisme, tel qu’il est, peut répondre aux questions que l’homme se pose sur lui-même, sur sa destinée, sur le bien et le mal, sur son salut…

Doit-on en déduire que l’œuvre de la Fraternité Saint-Pie X est fructueuse ?

C’est un autre enseignement de ce recueil : s’il n’y avait pas ce clergé, ces églises, ces prieurés, qui sont là précisément pour donner une assise à ces âmes errantes, eh bien !, elles ne pourraient que prolonger leur errance… Et donc, nous ne devons jamais perdre de vue que l’existence de la Fraternité Saint-Pie X, l’existence de tous ces lieux de culte traditionnel – cette force d’attraction que ce livre illustre –, nous confortent dans notre propre foi, certes, mais prouvent aussi que ce qui a été fait n’a pas de prix. Car, ces âmes, qui sont, comme le dit l’un des témoins, des « rescapés des ténèbres », peuvent être sauvées grâce à tout cela.

Je me suis converti à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, témoignages recueillis par Jean Monneret, Editions Clovis, 2009. 11 €. Commander le livre