6 décembre 2009

[Le Mascaret] Philippiques - Le zèle de la Maison de Dieu.

SOURCE - Le Mascaret - 6 décembre 2009

Y a-t-il encore quelque place, dans la maison de Dieu (l'Église donc), pour le zèle dévorant qui devrait brûler tous les locataires et principalement ses tenanciers, les prêtres, les évêques ?

Les apôtres, quelque peu intrigués par la violence du Seigneur qui chasse les vendeurs du Temple, au moyen d'un fouet qu'il s'est tranquillement tressé, se remémorent instinctivement la phrase du Psaume 69 v.10 (Vulg. 68, 12) :"Le zèle de ta maison me dévore et l'opprobre de ceux qui t'insultent retombe sur moi".

Cela suppose encore que les insultes faites à Dieu nous touchent. Que la ruine du Temple nous accable. Que la désertification du sanctuaire nous affecte. C'est la condition première de ce zèle qui ronge, dévore et mine. On songe à saint Paul : "Qui est faible sans que je ne sois faible? Qui vient à tomber sans qu'un feu ne me dévore? "(2 Cor 11, 29).

Le catholicisme en France est en train de disparaître dans l’indifférence à peu près générale. Le baptême est devenu un parcours du combattant. La catéchèse tient plus de l'abrutissement des masses que d'une quelconque, même timide, conviction. Les mariages se raréfient et 2/3 de ceux qui osent encore "tenter le coup" se brisent par après. Les rares évêques à se préoccuper encore des vocations sont la risée des autres. Jalousie, quand tu nous tiens... Au lieu de créer des paroisses (ce serait tellement simple, pourtant), on triomphe à regrouper encore et toujours les rescapées, mettant sur le dos des pauvres prêtres (moyenne d'âge : 71 ans) ces fardeaux "que ni nos pères ni nous n'avons pu porter". Les prêtres se déchargent du travail sur les laïcs, les laïcs se reposent de la responsabilité sur les prêtres.  Tout le monde est content. Et quand un évêque tente l'impossible pour sortir du marasme (car il s'en trouve encore), il se fait pourrir la vie par un confrère! Cf. la très charitable remarque de Mgr Gueneley, évêque de Langres, sur ses confrères (le 23 Août à 10h30, attestée par plus de dix témoins et donc certaine, quoi qu'on en ait dit) : " Mgr Centène, on l'a fait plier. Mgr Aillet, on lui donne trois ans. Après, nous verrons. Dominique Rey, son diocèse finira par crouler".

Quoi qu'il en soit de la véracité de ces propos (difficiles à mettre en doute, cependant) ils restent "authentiques" de l'état d'esprit qui règne. Les évêques français ne veulent pas des "instituts spécialisés" comme les nommait le regretté cardinal Castrillon Hoyos. Pourquoi, me direz-vous? Je l'ignore absolument. Mais la chose n'en reste pas moins sûre. Écoutez le cardinal de Paris dans La Croix du  5 novembre 2009: "On peut avoir un évêque qui croit aux communautés nouvelles: il sonne la cloche, appelle six communautés nouvelles dans son diocèse et pense que ça va marcher ! Cela va peut-être marcher tant qu'il sera là, mais après?".

Donc, authentique ou pas, la citation de Mgr Gueneley reste vraie parce que confirmée par le prélat le plus gradé de France.

Morale de l'Histoire: si la nature a horreur du vide, les évêques français, non. Et ceci, fait nouveau depuis 40 années, quitte à braver le consensus établi depuis lors. C'est humiliant pour tous les évêques, non mentionnés parce que trop nombreux, qui ont déjà fait quelque chose pour les communautés nouvelles, suivez mon regard. Et puis, qui sait ? Sans affaiblir aucunement ceux qui sont visés (ça va plutôt les ragaillardir, non, y compris et surtout cet excellent Mgr Centène qu'on porte en terre un peu vite?), ils vont se lever, ces évêques français, qui commencent à penser qu'on pense un peu trop pour eux.

Un grand merci à l'épiscopat français. Plus tôt que nous n'osions l'espérer, c'est lui qui sonne le glas de la collégialité chérie. Le "nous" prend peur. Les évêques sont de retour!