28 juin 2009

[Le Parisien / Henri Tincq] « Une influence croissante au Vatican » - Société - 28/06/2009 - leParisien.fr

SOURCE - Propos recueillis par Ph.B. - 28 juin 2009

« Une influence croissante au Vatican »

HENRI TINCQ, ancien journaliste, spécialiste des religions

Specialiste des questions religieuses, Henri Tincq, qui vient de publier « Catholicisme. Le retour des intégristes » (CNRS éditions, 4 €), analyse le malentendu entre les intégristes et Benoît XVI.

D’où viennent les intégristes ?

Henri Tincq. La très grande majorité des fidèles sont des nostalgiques de l’Eglise d’avant 1965 et surtout de la messe en latin. Mais les meneurs du mouvement sont des prêtres et des laïcs beaucoup plus arrogants, qui appartiennent souvent à l’extrême droite. Sociologiquement, il s’agit surtout de grandes familles de tradition aristocratique et bourgeoise, très attachées à l’ordre moral et à la tradition catholique. Mais pas seulement : ils recrutent aussi dans les milieux populaires.

Assistons-nous à leur grand retour ?

On ne peut pas parler d’un retour massif mais le bruit qu’ils font est inversement proportionnel à leur nombre. Les intégristes sont 150 000 dans le monde, dont 25 000 à 35 000 en France. Par rapport à un milliard de catholiques, c’est une poussière ! Mais cette minorité occupe de plus en plus de place dans les esprits parce que nous avons un pape qui flatte le retour à une identité catholique très forte. De même, ils disposent d’une influence croissante au Vatican. Cela se voit dans la liturgie, à travers notamment le retour à la messe en latin.

Ce phénomène est-il lié à Benoît XVI ?


Oui, dans la mesure où il est très traditionnel sur le plan du dogme et de la liturgie. Les intégristes le considèrent d’ailleurs comme leur pape. Cela procède d’une double illusion. Celle de Benoît XVI, qui croit qu’en faisant des gestes continus envers eux, ils réintégreront le giron de l’Eglise et accepteront les réformes en cours depuis quarante ans. Illusion des intégristes, enfin, qui espèrent que ce pape va mettre fin aux acquis du concile Vatican II. Or le pape a encore montré à Jérusalem en mai son attachement au dialogue avec les autres religions, honni par les intégristes.